1971

"Nous prions le lecteur de n’y point chercher ce qui ne saurait s’y trouver : ni une histoire politique de la dernière République espagnole, ni une histoire de la guerre civile. Nous avons seulement tenté de serrer au plus grès notre sujet, la révolution, c’est-à-dire la lutte des ouvriers et des paysans espagnols pour leurs droits et libertés d’abord, pour les usines et les terres, pour le pouvoir politique enfin."

P. Broué

La Révolution Espagnole - 1931-1939

Annexe II : Unité ouvrière et voie révolutionnaire

Document 10 : Le tournant à gauche des socialistes à travers les discours de Largo Caballero (1934)

« Nous autres, nous avons cru qu'il était de notre devoir de souffrir tout ce qu'il fallait souffrir et endurer pour soutenir la République. Je ne vais pas faire l'histoire de ce que nous avons souffert et enduré. Je vais seulement rappeler que nous, socialistes, avons poussé la loyauté, après avoir mis toute notre force organisée au service de la révolution, jusqu'à contribuer, un peu à contrecœur, mais avec la loyauté à laquelle nous étions obligés, à ce que le Parlement approuve l'ensemble de la législation répressive et restrictive qui existe aujourd'hui en Espagne. Législation qui sera, certainement, utilisée contre les travailleurs ; mais qui était nécessaire pour le soutien du régime. Nous autres, quand nous étions au pouvoir, nous avons eu plus de morts par la force publique qu'à d'autres époque, pendant le même laps de temps. Nous avons travaillé à empêcher des grèves qui auraient pu bouleverser l'économie du pays. Il est clair que nous ne pouvions les éviter toutes ; mais, en définitive, nous nous sommes comportés loyalement....

... Le Parti socialiste a été chassé du pouvoir de façon ignominieuse. Le Parti socialiste et la classe ouvrière consciente d'Espagne ne pourront jamais oublier, qu'après ce qu'ils avaient fait, on les ait chassés de la manière dont cela a été effectué...

... Je crois que sous la République, il se comprend parfaitement qu'on dise à la classe ouvrière de façon claire et nette qu'elle n'a pas atteint le but de ses aspirations, et qu'il lui faut aller beaucoup plus loin. Que « beaucoup plus loin » ne signifie pas abattre la république pour que vienne une monarchies mais remplacer cette République par une République sociale...

... D'abord, lutter de tout notre possible pour amener au parlement tout ce que nous pourrons ; plus il y en aura et mieux ce sera. De même dans les conseils municipaux. C'est-à-dire la lutte légale, la lutte dans le cadre de la constitution. Nous luttons dans ce cadre. Mais si le gouvernement en sort, s'il porte des coups à la classe ouvrière, alors nous ferons ce que j'ai dit devant le conseil de guerre quand a comparu devant lui le Comité révolutionnaire : que nous étions allés à la révolution parce que le gouvernement de la monarchie n'autorisait pas la liberté comme il aurait dû le faire, et parce que la classe ouvrière ne trouvait pas de solutions immédiates pour l'amélioration de ses conditions...

... Pour assurer la victoire, nous devons en finir avec les luttes internes à la classe ouvrière. Et je saisis cette occasion pour me tourner vers ces groupes de travailleurs qui, bien à tort, nous combattent. Où veulent-ils aller ? Quel est leur objectif ? Leur objectif, comme le nôtre, c'est l'égalité sociale. Et si nous allons vers les mêmes objectifs et si nous voulons en finir avec la classe capitaliste, qui étouffe ses haines et ses rancœurs pour s'unir contre la classe ouvrière, pourquoi nous autres n'aurions-nous pas aussi à écouter nos haines et nos rancœurs pour constituer un faisceau bien uni et combattre efficacement l'ennemi commun ? Si nous avions plus de temps, nous ferions un exposé complet sur la conception socialiste de l'État. On nous accuse d'entretenir l'idée que l'État est au-dessus de la classe ouvrière. Ceux qui parlent ainsi montrent qu’ils n'ont pas bien compris nos idées. Nous voulons que l'État disparaisse en temps qu'élément d'oppression. Nous voulons en faire un organisme purement administratif, et c'est tout. »

(F. Largo Caballero, Discursos a los Trabajadores, pp. 16, 18, 84, 122.)

Document 11 : Le tournant à gauche du Parti socialiste vu par un communiste trotskyste

« Il semble que le Parti socialiste se soit rendu compte que la bourgeoisie se prépare à éliminer complètement tout ce que le monde ouvrier a réussi à bâtir au cours de l'évolution historique. Et comme, en définitive, le Parti socialiste est partie intégrante de ce monde ouvrier et s'en nourrit, il court également le danger d'être détruit. Il ne s'agit plus pour le Parti suiviste de servir la bourgeoisie en usant de son influence pour endormir le prolétariat, car la bourgeoisie lui a fait savoir que non seulement elle ne lui paierait rien pour ce service, mais encore qu'une nécessité supérieure la conduisait à exécuter son vieux serviteur.

Placé dans cette macabre situation, le Parti socialiste, atterré, s'écrie : « Il faut faire la révolution ! », comme le condamné à mort qui, au pied de l'échafaud, hurle qu'il ne veut pas mourir. C'est parce qu'il a peur que le Parti socialiste entreprend un tournant radical et se tourne vers des positions révolutionnaires. Et le seul fait qu'il parle de révolution concentre alors autour du Parti socialiste tout le prolétariat et les masses populaires. Tous les regards se tournent vers lui, tous les bras se tendent, toutes les bouches 1'acclament, tous les cœurs brûlent d'enthousiasme... Mais ce dont la classe ouvrière a besoin en ce moment, c'est d'un parti qui veuille et qui puisse faire la révolution, non d'un parti qui puisse seulement en brandir la menace. Car la contre-révolution n'est pas aujourd'hui le libre choix de la bourgeoisie, mais une nécessité irréfragable pour le capitalisme. »

(Esteban Bilbao, « Algunas consideraciones ante la situation », Comunismo, n° 34, pp. 167-168.)

Document 12 : Le problème du front unique ouvrier posé à travers les élections de novembre 1933.

« Le groupe de la Gauche communiste de Madrid conformément aux dispositions de son comité national exécutif, s'adresse, avant le deuxième tour des élections générales à Madrid, au prolétariat pour fixer sa position politique sur les points suivants :

1) La décision prise par le Parti communiste officiel d'inviter les travailleurs à l'abstention... de remettre un bulletin portant l'inscription « je vote pour le Parti communiste » constitue un nouvel abandon de la tactique politique révolutionnaire et une chute dans le confusionnisme anarchiste le plus décadent. Le bulletin de vote est une arme éventuelle de lutte qui doit être utilisée en tenant compte des conditions de la situation objective : l'amour-propre politique est étranger à toute compréhension positive de la politique révolutionnaire.

2) Les actuels progrès de la réaction bourgeoise la plus noire ont été rendus possibles par la politique boiteuse de collaboration du Parti socialiste avec le capitalisme. La Gauche communiste n'a jamais dissimulé et ne dissimulera jamais son énergique et catégorique condamnation de la politique de la section espagnole de la Seconde Internationale. Indépendamment de cette attitude politique, la Gauche communiste conseillera à la classe ouvrière madrilène de voter et de travailler de tout son enthousiasme, dimanche prochain, au triomphe de la candidature socialiste. Le caractère de bataille entre le marxisme et l'antimarxisme que la bourgeoisie imprime à la lutte oblige la classe ouvrière à se grouper autour de l'unique candidature ouvrière en présence.

3) L'appui que la classe ouvrière madrilène ne manquera pas de donner dimanche prochain à la candidature socialiste doit être interprété comme le désir fervent du front unique de lutter contre l’offensive de la réaction. Le mot d'ordre qu'il faut imposer aux différentes organisations ouvrières dans les circonstances actuelles est : « Marcher séparément, frapper ensemble », c'est-à-dire conserver l'indépendance politique et d'organisation, mais rassembler leurs efforts pour attaquer la réaction, défendre les conquêtes ouvrières, et entreprendre l'action révolutionnaire. Dans ce sens, toute manœuvre, toute attitude de passivité doivent être également condamnés par le prolétariat.

De Madrid, 30 novembre 1933 ; Le comité du groupe de Madrid de la Gauche communiste espagnole.

(Comunismo n° 31, janvier 1934, pp. 22-23.)

Document 13 : L'appel de l’Alliance ouvrière de Catalogne (décembre 1933).

« Camarades

Le procès de la réaction capitaliste est un fait de caractère mondial que personne ne peut nier, bien qu'il revête dans chaque pays des traits particuliers.

En italien et en Allemagne, elle s'est concentrée sous la forme d'un fascisme criminel et destructeur qui veut ramener les peuples aux formes politiques du Moyen Age.

Dans d'autres pays d'Europe et d'Amérique, elle prend des formes qui, sans atténuer son caractère odieux, atteint son but en respectant en apparence les conditions économiques et politiques prédominantes.

Chez nous, en Espagne, nous voyons clairement qu'elle est sur le point de triompher.

D'abord elle corrompt le système électoral, recourant aux procédés les plus infâmes pour obtenir au parlement sinon une majorité absolue, au moins une minorité telle qu'on ne puisse gouverner sans compter avec elle. Ensuite, elle pousse le gouvernement à proclamer l'état de prévention prévu dans la loi d'ordre public, qui désarme la classe ouvrière et la prive de moyens de défense face aux coups que lui porte le gouvernement et qui favorisent la droite réactionnaire.

Enfin, comme troisième étape de son action infâme et crapuleuse, elle utilise l'inconscience des masses laborieuses groupées autour de la F.A.I. et de la C.N.T. afin de les précipiter dons la rue et de les conduire à un choc brutal contre la force publique, et cherche machiavéliquement deux objectifs également favorables pour elle : émouvoir l'opinion publique pour fustiger les pires monstruosités du Pouvoir public, semer la terreur, la désolation et la mort, qui justifieraient un coup d'État réactionnaire et fasciste. Calculs logiquement déduits des faits. Mais ils ne réussiront pas.

Pour empêcher cela, nous sommes là. Les organisations soussignées, de tendances et d’aspirations doctrinales diverses, mais unies dans un désir commun de préserver les conquêtes obtenues jusqu'à présent par la classe ouvrière espagnole, ont constitué l’Alliance ouvrière afin de s'opposer à 1'établissement de la réaction dans notre pays, pour éviter toute tentative de coup d'fiat ou d'instauration d'une dictature, si on le tente, et pour maintenir intactes les conquêtes arrachées jusqu'à présent et qui constituent le patrimoine le plus précieux de la classe ouvrière espagnole.

Travailleurs de Catalogne et d'Espagne ! Faites ce que nous avons fait ! Renoncez aux querelles qui vous opposent à vos frères exploités, tout et conservant et en défendant vos points de vue doctrinaux, afin de constituer vos comités locaux et régionaux antifascistes, de façon qu'ils synthétisent vos aspirations dans un organisme représentatif à l'échelle nationale. Opposez au fascisme et à la réaction le mur infranchissable de votre volonté et de vos décisions.

Nous demandons aux organisations ouvrières de Catalogne qui désirent s'unir et coopérer avec nous d'envoyer leur adhésion à l'adresse suivante : Rauric, 14 principal ; Comité de Alianza obrera.

Comme nous l'avons annoncé, nous convoquerons dès que les circonstances le permettront une conférence régionale de toutes les organisations d'accord avec l'œuvre que nous vous proposons de réaliser.

Travailleurs organisés de Catalogne ! Envoyez vos adhésions ! Que personne ne manque au Front ouvrier antifasciste ! Vive l'union de la classe ouvrière pour la défense de toutes ses conquêtes ! »

Pour I'U.G.T. : Vila Cuenca. Pour l'Union socialiste : Martinez Cuenca. Pour la Gauche communiste : Andrés Nín. Pour le Bloc ouvrier et paysan : Maurín. Pour le P.S.O.E. : Vidiella. Pour les syndicats de l'opposition : A. Pestaña. Pour l'Union des rabaissaires : J. Calvet.

N.B. - étant donné qu'il s’agit d'un front exclusivement ouvrier, les organisations et partis qui ne reposent pas sur une base de classe pourraient adhérer moralement, mais ne pourraient être effectivement membres.

(Comunismo, n° 31, janvier 1934, pp. 30-31.)

Document 14 : Décisions d’action du comité exécutif du Parti socialiste (janvier 1934).

« 1) Organisation d'un mouvement franchement révolutionnaire aussi intense que possible en utilisant tous les moyens dont on pourra disposer.

2) Décision de déclencher ce mouvement au moment que l'on jugera favorable, y compris avant que l'ennemi, dont les préparatifs sont évidents, prenne des précautions, soit définitives, soit qui lui assurent un avantage.

3) Tout en évitant le confusionnisme, le Parti et l'Union générale se mettront en rapports avec les éléments qui acceptent de participer au mouvement.

4) Le Parti socialiste et l'Union générale prennent le pouvoir politique, si la révolution triomphe, avec la participation éventuelle de représentants des éléments ayant participé directement à la révolution.

5) Développer, à partir du pouvoir et sans délai, le programme minimum exposé dans le projet de base. »

(D'après le procès-verbal de la séance, copie dans les archives du P.C.E., Guerra y Revolución en España, II, p. 54.)

Document 15 : Les anarchistes et le front unique (1934).

« Le front unique au sommet a les résultats inverses de ceux recherchés, mais un front unique à la base entre simples ouvriers de tous les camps sociaux, décidés à se soulever pour la révolution est utile et signifierait la victoire.

Mais c’est quand on recourt à la deuxième formule que nous objectons : ce front unique souhaité est-il réalisable ? Actuellement la possibilité n'en existe pas. Absolument pas.

Si, pour réaliser l'unification, il est nécessaire d'avoir un dénominateur commun basé sur un accord minimal qui doit être la destruction du capitalisme et de l'État, les socialistes qui défendent au Parlement une constitution capitaliste et sont prêts à la défendre y compris dans la rue, et les communistes étatistes qui veulent construire un nouvel État, comment vont-ils venir à un front qui cherche à détruire ce qu'ils défendent et désirent ?

Et qui, sinon les directions de ces partis, s'oppose à ce qu'opère agisse, négocie ce front ?

Je crois que 1’impossibilité est assez évidente. Il n’existe qu'une formule qui rendrait possible la formation de ce front, que les ouvriers socialistes, communistes, ugétistes ou autres débordent leurs dirigeants et s'unissent aux autres ouvriers, dans une révolte ouverte, acceptant explicitement l'objectif minimum possible après être passés par-dessus la tête de leurs chefs. »

(« Ce qui se discute : le front unique », Solidaridad Obrera, 16 février 1934.)

Document 16 : Extraits des dix commandements du jeune socialiste espagnol (1934).

1) Les jeunes socialistes doivent s'habituer aux mobilisations rapides, en formation militaire, par rangs de trois.

2) Chaque troupe de neuf (trois rangs de trois) formera la dizaine, en y ajoutant un chef qui marchera sur le coté gauche...

4) Il faut manifester partout, profitant de tous les moments, ne négligeant aucune occasion. Manifester militairement pour que toutes nos actions créent autour d'elles une atmosphère de crainte et de respect.

8) L'unique idée que le jeune socialiste doive avoir gravée dans son esprit est que le socialisme ne peut s’imposer que par la violence, et que le camarade qui propose le contraire, qui a encore des rêves démocratiques, quels qu’ils soient, est un traître, consciemment ou non.

10) Et surtout ceci : s'armer. Qui que tu sois, et où que ce soit et par quelque procédé que ce soit, consigne : Arme-toi, et après. si tu le peux, arme ton voisin pendant que tu fais tout ton possible pour désarmer l'ennemi. »

(Renovación, 17 février 1934.)

Document 17 : Pacte d’Alliance ouvrière dans les Asturies.

« Les organisations soussignées conviennent entre elles de reconnaitre que face à la situation économique et politique du régime bourgeois, l’action unie de tous les secteurs ouvriers s’impose, avec l’objectif exclusif de promouvoir et de mener à bien la révolution sociale. A cette fin, chaque organisation soussignée s’engage à réaliser les termes de l’engagement ainsi déterminé aux conditions suivantes :

1) Les organisations signataires de ce pacte travailleront d’un commun accord jusqu’au triomphe de la révolution sociale en Espagne, y établissant un régime d’égalité économique, politique et sociale, fondé sur les principes socialistes fédéralistes.

2) Pour parvenir à ce but, on constituera à Oviedo un Comité exécutif représentant toutes les organisations adhérant au dit pacte, lequel agira en accord avec un autre, national, et de caractère identique répondant aux nécessités de l'action générale dans l'ensemble de l'Espagne.

3) Comme conséquence logique des conditions 1) et 2) du dit pacte, il est entendu que la constitution du Comité national est la prémisse indispensable (au cas où les événements se déroulent normalement) pour entreprendre toute action en relation avec les objectifs de ce pacte pour autant qu'il s'efforce de réaliser une entreprise nationale. Le Comité national à constituer sera le seul habilité à ordonner à celui qui s'installera à Oviedo les opérations à entreprendre en relation avec le mouvement qui éclatera dans toute l'Espagne.

4) Dans chaque localité des Asturies sera constitué un Comité qui devra être composé de délégués de chacune des organisations signataires et de celles qui, apportant leur adhésion, seront admises au sein du Comité exécutif.

5) A partir de la date de signature de ce pacte, cesseront toutes les campagnes de propagande qui pourraient gêner ou aigrir les relations entre les différentes parties ainsi alliées, sans que cela puisse pour autant signifier l'abandon du travail doctrinal serein et raisonné entrepris par les différents secteurs du mouvement ouvrier qui intègrent l'Alliance ouvrière révolutionnaire tout en conservant, à telle fin, leur indépendance politique.

6) Le Comité exécutif élaborera un plan d'action qui, grâce à l'effort révolutionnaire du prolétariat, assurera le triomphe révolutionnaire du prolétariat sous ses différents aspects et le consolidera selon les normes d'un accord à établir.

7) Deviendront clauses additionnelles au présent pacte toutes les décisions du Comité exécutif dont l'exécution sera obligatoire pour toutes les organisations représentées, ces décisions étant à observer strictement, tant pendant la période de préparation révolutionnaire qu'après la victoire. I1 est bien entendu que les décisions du dit Comité exécutif s'inspireront du contenu de ce pacte.

8) L'engagement contracté par les organisations soussignées prendra fin au moment où aura été implanté le régime mentionné à l'article 1) avec ses organismes propres, librement élus par la classe ouvrière et par le procédé qui aura été indiqué par la réalisation de l'œuvre de ce pacte.

9) Considérant que ce pacte constitue un accord entre organisations de la classe ouvrière afin de coordonner leur action contre le régime bourgeois et de l'abolir, les organisations qui auraient un lien organique avec ces partis bourgeois le rompraient automatiquement afin de se consacrer exclusivement à la poursuite des objectifs déterminés par le présent pacte.

10) De cette alliance révolutionnaire, font partie... »

Signé le 28 mars 1934 par les représentants de la C.N.T. et de l’U.G.T. aux Asturies, puis par ceux de la Fédération socialiste asturienne, de la Jeunesse socialiste des Asturies, du Bloc ouvrier et paysan, du Syndicat mineur asturien (U.G.T.), de la Gauche communiste, des Jeunesses libertaires.

Document 18 : Le Parti communiste et l’Alliance ouvrière.

... « Les camarades alliancistes agissent à l'égal d'Hitler à l'égard des communistes, devant des ouvriers qu'ils arrivent à tromper...

... Cette Alliance est formée des chefs de la C.N.T. qui défendaient la politique du « se suffire à soi-même », des chefs comme Pestaña, dont la politique est définie dans l'opuscule anti-communiste « Soixante jours en Russie », des individus comme Maurín qui est passé de l'Internationale communiste à celle du Parallèle. De cette alliance font partie les chefs socialistes qui ont saboté tous les mouvements ouvriers, ceux qui ont répandu à haute dose l'opium réformiste, les collaborateurs d’Anido et de Primo de Rivera, les pompiers de la révolution, ces gens qui ont soutenu la politique des Gardes d'assaut, les augmentations des soldes de la Garde civile, les massacres d'Arnedo, d'Epila, de Casas Viejas, etc.

... Cette Alliance n'a été formée que pour duper les travailleurs, leur faire croire que le front unique est un fait, pour empêcher que le véritable front unique se réalise sur les lieux de travail, dans les usines et les quartiers ouvriers. Cette Alliance n'est rien d'autre qu'un commérage de chefs dont les bases idéologiques reposent sur un tas de fumier politique... Cette Alliance n'est rien d'autre qu'une cabale anti-communiste. »

(Ramón Rodríguez, « Frente unico y Alianza Obrera », El Noroeste, 15 mai 1934.)

Document 19 : Opinion de l’I.C. sur l’évolution de la J.S.

« La Jeunesse socialiste d'Espagne se prononce aujourd'hui encore pour la dictature du prolétariat, pour la lutte immédiate pour le pouvoir. C'est sous ce signe que se déroula la dernière session des Jeunesses socialistes. Celles-ci se sont prononcées contre la collaboration du P.S. avec les partis bourgeois. Mais, à côté des thèses qui prouvent la radicalisation de la Jeunesse socialiste, le congrès a pris une décision sur l'inutilité d'une plus longue participation aux Cortes, étant donné que « pour les intérêts de la révolution socialiste, abandonner le parlement sera plus utile, afin de se consacrer entièrement à l'action révolutionnaire. » Ce point de vue pseudo-révolutionnaire et en réalité anarcho-syndicaliste a trouvé son expression dans l'attitude négative de la Jeunesse socialiste vis-à-vis de la lutte pour les revendications quotidiennes des jeunes.

Il est caractéristique que les Partis socialistes efforcent de mener aujourd'hui la lutte contre les Partis communistes par des phrases « de gauche », intervenant contre le déploiement de la lutte économique des ouvriers comme une des méthodes d'entraînement des grandes masses prolétariennes dans la lutte pour le pouvoir.

Le Comité central des J.S. a même rompu les pourparlers avec les Jeunesses communistes d'Espagne sous prétexte que leurs propositions de lutter pour les revendications quotidiennes de la jeunesse ouvrière et travailleuse démasquent... le réformisme des J.C.

... Dans la Juventud roja, organe des Jeunesses communistes espagnoles, on pouvait lire, il y a quelques mois, l'information suivante provenant d'une organisation locale : « Les Jeunesses socialistes nous ont proposé une alliance pour la lutte contre la bourgeoisie. Ce ne sont pas les Jeunesses socialistes qui la proposent, mais les manœuvres de toute la bourgeoisie. Nous avons accepté, mais sur la base d’une lutte concrète, de nos mots d'ordre. Nous avons naturellement mis au premier plan la lutte contre leurs chefs qui servent le bloc contre-révolutionnaire. Cependant ils n'accepteront pas de telles formes de front unique pour ne pas combattre contre leurs chefs. C'est alors que nous démasquerons leur rôle contre- révolutionnaire. »

(N. Frumkin, « La crise dans les Jeunesses socialistes », L'Internationale communiste, n° 18, pp. 1204 et 1212, 20 septembre 1934.)

Document 20 : L’insurrection dans les Asturies expliquée par un socialiste de gauche.

« Cet esprit de combat avait mordu surtout dans les jeunesses ouvrières, tout imprégnées de propagande communiste et particulièrement trotskyste, y compris dans les rangs socialistes. On peut dire que la révolution a été l'œuvre des jeunesses prolétaires... Quand on connaîtra tous les détails de cette large et profonde insurrection, on verra que les jeunesses ouvrières, à elles seules, l'auraient déchaînée même contre la volonté des dirigeants syndicalistes. Elle a été un mouvement irrésistible, parti d'en bas, d'une masse qui n 'était pas disposée à laisser échapper sa bataille contre le fascisme. La tension révolutionnaire avait atteint un degré tel que, si elle n'avait pas explosé, le prolétariat de tendance socialiste aurait brisé ses cadres syndicaux et rejoint ceux qui étaient de caractère communiste ou anarcho-syndicaliste. Ce prolétariat, jusque-là pacifique, exigeait le baptême du feu comme le début d'une nouvelle attitude historique. »

(Luis Araquistáin, «  La revolución de Octubre en España », Leviatan, n° 21, février 1936, p. 33.)

Document 21 : Appel de la Jeunesse communiste espagnole à l’unité internationale (Extraits).

« Camarades,

Pendant la révolution d Octobre, nous avons lutté ensemble contre le fascisme, dans un même bloc et pour le même but.

Pourquoi n'en est-il plus ainsi ? Pourquoi continuer séparément si notre ligne est la même ? La Jeunesse socialiste a rompu définitivement avec le réformisme social-démocrate, et elle entend, d'accord avec la Jeunesse socialiste de France, de Belgique, de Suisse, de Tchécoslovaquie, d'Angleterre et d'Autriche, entreprendre la reconstruction du mouvement de la jeunesse sur la base la plus pure du marxisme révolutionnaire. La direction internationale nécessaire pour obtenir la victoire n'existe pas. La Seconde et la Troisième Internationale ont perdu leur rôle dirigeant. A la suite de la victoire d'Hitler, un nouveau mouvement a pris naissance. Nous croyons qu'il est nécessaire et urgent de le faire aboutir.

Retournons à Marx et à Lénine. Unissons la jeunesse prolétarienne dans une Internationale qui ait rompu avec les erreurs du passé.

C'est pourquoi nous invitons la Jeunesse communiste, les jeunes communistes de gauche, la jeunesse du Parti communiste ibérique à entrer en masse, en tant que telles, dans la Jeunesse socialiste d'Espagne. Nous invitons la jeunesse prolétarienne révolutionnaire à se rallier à notre drapeau pour la reconstruction du mouvement prolétarien international.

Pour l'unité organique de la Jeunesse révolutionnaire! Pour une Internationale marxiste! Pour le drapeau de Marx et de Lénine ! Nous avons eu au sujet de cette proposition une discussion avec la Jeunesse communiste : celle-ci a repoussé de façon sectaire nos propositions. Pourtant nous n'avons pas perdu confiance.

Jeunes communistes, faites pression sur votre direction pour que soit réalisée l'unité organique ! Jeunes ouvriers, la Jeunesse socialiste d'Espagne vous appelle à l'unité ! Vive la révolution d'Octobre ! Vive l'unité organique ! »

(Traduction française dans La Vérité, no 231, 10 février 1935.)

Document 22 : Appel de Santiago Carrillo à l’unité révolutionnaire.

« Les dissidents dirigés par Trotsky, l'infatigable révolutionnaire, représentent une tendance du prolétariat.

Le Bloc ouvrier et paysan est circonscrit à la seule Catalogne.

Lorsque l'épuration du Parti socialiste sera réalisée, ces groupes pourront-ils refuser d'entrer dans notre Parti ? »

(Déclaration faite le 9 août 1935, reproduite dans La Batalla, 11 février 1937.)

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