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Extrait du compte-rendu de la réunion d'organisation du 8 janvier 1949 |
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8 janvier 1949
(8 janvier 1949)
L'approche du terme et les hausses en cours ont à nouveau suscité une agitation pour les salaires. Chez Renault, notre action pour les 10.000 frs. a eu pour effet de mettre en branle les autres organisations syndicales.
A la 4 CV ce n'est que dans l'atelier de L. que le cahier de revendications a pu être établi. Pour commencer, tous les cégétistes étaient d'accord avec nous, mais après un ordre d'en haut, ils ont changé d'attitude.
Quels enseignements notre action comporte-t-elle du point de vue de l'organisation ?
1) Dans le tract diffusé lundi, nous invitons les ouvriers à entreprendre immédiatement l'élaboration des cahiers de revendications. Mais nous-mêmes, nous attendions... Donc, on donnait une directive aux ouvriers que nous n'avons pas pensé à appliquer nous-mêmes en premier.
2) Chez le camarade L. il y avait un stock de plusieurs centaines de papillons qu'on estimait avoir en trop. Mais une fois apportés à l'usine, les ouvriers les ont collés eux-mêmes et ont pris toutes sortes d'initiatives. La leçon, c'est qu'il ne faut pas s'arrêter au premier insuccès et savoir que quand on mène une campagne, il faut y aller à fond.
3) Nous avons persévéré à la 4 CV parce que là se sont manifestés des mouvements revendicatifs en dehors même de notre intervention. Les cahiers de revendications étaient un moyen de nous adresser directement aux ouvriers.
Au 38. Pourquoi voulez-vous que nous fassions des assemblées syndicales quand personne n'y vient ? disent les staliniens. Mais pourquoi n'y a-t-il personne ? Dénoncer la manière d'agir de la CGT et proposer des bases nouvelles pour des assemblées. Accuser les cégétistes d'avoir démoralisé la classe ouvrière (comme le propose V.) c'est déjà une autre chose ; par contre, dans cette campagne il s'agit d'accuser la CGT d'avoir fait des réunions de tel type, et renforcer chez les ouvriers le sentiment qu"'en ce moment chacun d'entre nous sent le besoin d'une assemblée".
Conclusions générales. On demande aux camarades de recueillir des feuilles de paie nécessaires pour l'action au 49, pour les magasiniers, etc. La revendication que nous avons mise en avant est devenue officielle pour l'usine. D'une façon générale, nous entrons dans une phase de recrudescence du mouvement revendicatif. Jusqu'où iront les choses, cela personne ne peut le savoir ; l'essentiel est toujours de savoir comment prendre les ouvriers, là où ils sont pour les mener à un stade plus loin. Un tract doit être tiré pour toute l'usine pour faire le bilan de l'action pour les 10.000 frs.
Le front unique n'est pas une alliance avec des organisations plus ou moins propres du mouvement ouvrier. Il s'agit de voir la structure et l'influence de chaque organisation sur la classe ouvrière. Il s'agit dans le front unique, de réaliser l'unité de la masse pour ses objectifs communs, malgré la division du mouvement ouvrier en partis et en organisations qui ne tiennent compte que de leurs intérêts propres.
A notre proposition de front unique les cégétistes n'ont pas répondu. Nous avons un projet d'article pour le bulletin qui tire mal les conclusions de ce refus : "nous avons toujours pensé qu'une entente au sommet ne donnerait rien"... Mais,
1) pourquoi a-t-on proposé le front unique ;
2) il est faux de dire que nous avons toujours pensé qu'une action de sommet ne donnerait rien. En 34-36 les masses ont obligé les dirigeants socialistes et communistes à se retrouver à la même tribune. Le front unique était l'expression d'une croissance du mouvement ouvrier. Il ne faut jamais perdre de vue que nous menons cette campagne en liaison avec les masses. Sous l'angle de cette campagne, ce que nous pensons du front unique au sommet ce n'est pas ce qui intéresse les ouvriers. Constamment on aura à s'adresser aux organisations syndicales et à les mettre au pied du mur. Nous devons les démasquer aux masses par rapport aux problèmes qui se posent aujourd'hui.
Il ne s'agit pas d'une alliance au sommet, mais de réaliser l'unité de la masse en lutte malgré la division entre organisations. La tactique de front unique vis-à-vis des réformistes tenait compte de ce que ceux-ci ne pourraient pas soutenir jusqu'au bout l'action revendicative. Les staliniens par contre ne veulent soi-disant pas se laisser dépasser sur la gauche. Mais vis-à-vis d'eux nous avons une arme aussi puissante, celle de la démocratie.
Question : N'y a-t-il pas dans le front unique le danger de la force organisationnelle supérieure de la CGT ?
1) Chez Renault, le front unique est une garantie pour que nous participions à l'action.
2) Si la grève n'est pas déclenchée par la force de leur appareil, mais de la propagande révolutionnaire, nous avons des armes contre eux. Cela n'éliminera pas tous les dangers, mais si l'action gréviste vient à la suite du front unique, d'une politique révolutionnaire, elle est dangereuse avant tout pour eux.