1868-94

«Dans tous ces écrits, je ne me qualifie jamais de social-démocrate, mais de communiste. Pour Marx, comme pour moi, il est absolument impossible d'employer une expression aussi élastique pour désigner notre conception propre. »
Fr. Engels - Préface à la brochure du Volksstaat de 1871-1875.

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


La social-démocratie allemande

K. Marx - F. Engels

1
Formation du Parti Ouvrier Social-Démocrate

L'Association Générale des ouvriers allemands et les Sociaux-Démocrates


Marx : Au président et au Comité directeur de l'Association générale des ouvriers allemands (A.G.O.A.)
Social-Demokrat, 28 août 1868.

En conclusion des travaux préparatoires du Congrès de Bruxelles, la commission exécutive du Conseil général de l'association internationale des travailleurs (A.I.T.) se réunira le 22 août, et le Conseil général tiendra une session plénière le 25 août. Étant chargé du compte-rendu d'activité de ces deux réunions, je ne serai pas en mesure de donner suite à l'invitation flatteuse que vous m'avez faite de participer au congrès de l'A.G.O.A. [1] de Hambourg.

Je constate avec joie qu'au programme de votre congrès vous ayez placé les questions qui doivent constituer le point de départ de tout mouvement ouvrier sérieux : agitation pour une pleine liberté politique, réglementation de la journée de travail et coopération internationale systématique de la classe ouvrière en vue de la grande tâche historique qu'elle doit résoudre pour la société entière. Nous vous souhaitons bonne chance dans cette œuvre [2] !


Marx : Extrait du IV° rapport annuel du Conseil général de l'Internationale
1° septembre 1868.

En Prusse, l'Internationale ne peut avoir d'existence légale, parce qu'une loi interdit toute liaison entre les associations ouvrières prussiennes et les sociétés étrangères [3]. En outre, le gouvernement prussien reprend à une échelle mesquine la politique bonapartiste, par exemple dans ses démêlés avec l’Association générale des ouvriers allemands. Bien qu'ils soient toujours prêts à se bagarrer entre eux, les gouvernements militaires sont toujours unis lorsqu'il s'agit de partir en croisade contre leur ennemi commun - la classe ouvrière.

Malgré toutes les entraves légales, de petites branches, éparpillées dans toute l'Allemagne, se sont regroupées depuis quelque temps autour de notre comité de Genève.

A son dernier congrès de Hambourg, l’Association générale des ouvriers allemands, qui est surtout propagée en Allemagne du Nord, décida d'agir en accord avec l'A.I.T., même si légalement elle était hors d'état de s'y affilier officiellement. Le prochain congrès de Nuremberg, représentant environ 100 associations ouvrières qui font partie surtout de l'Allemagne centrale et méridionale [4] a mis à l'ordre du jour son affiliation directe à l'A.I.T. Répondant au vœu de son comité directeur, nous avons envoyé un délégué à Nuremberg [5].

En Autriche, le mouvement ouvrier prend un caractère de plus en plus révolutionnaire. Un congrès a été convoqué à Vienne pour début septembre en vue de la fraternisation des ouvriers des diverses nationalités de l'Empire. On lança simultanément une adresse invitant les Anglais et les Français et proclamant les principes de l'A.I.T. Votre Conseil général avait déjà nommé un délégué pour Vienne, lorsque l'actuel cabinet libéral autrichien, sur le point de succomber à la réaction féodale, eut l'idée lumineuse de s'attirer l'hostilité des ouvriers en interdisant leur congrès.


Frédéric Engels : À propos de la dissolution de l'Association ouvrière lassalléenne
Demokratisches Wochenblatt, 3 et 10 octobre 1868.

« Le gouvernement sait - et la bourgeoisie le sait aussi - que tout le mouvement ouvrier actuel en Allemagne est simplement toléré, et ne se développe qu'aussi longtemps qu'il plaira au gouvernement. Il le tolérera tant que le gouvernement jugera qu'il est utile que de nouveaux adversaires indépendants s'élèvent contre l'opposition bourgeoise. Dès l'instant où ce mouvement fera des ouvriers une puissance autonome et dangereuse pour le gouvernement, c'en sera fini. Puisse la manière dont la propagande est interdite aux progressistes dans là presse, les associations et les réunions, servir d'avertissement aux ouvriers ! Les mêmes lois, ordonnances et mesures peuvent, du jour au lendemain, être retournées contre eux et mettre un terme à leur propagande, et c'est ce qui se produira dès qu'elle deviendra dangereuse. Il importe au plus haut point que les ouvriers en soient conscients, et ne tombent pas dans l'illusion de la bourgeoisie sous le régime de l' « Ère Nouvelle », où elle aussi était simplement tolérée, alors qu'elle se figurait être déjà bien en selle. Ceux qui s'imaginent que le gouvernement actuel affranchira, de leurs présentes entraves, la presse, les droits de réunion et d'association font partie des gens avec lesquels il n'est plus possible de parler. Sans libertés de la presse, d'association et de réunion, pas de mouvement ouvrier possible. »

Ces mots se trouvent pages 50 et 51 d'une brochure intitulée La Question militaire et le Parti ouvrier allemand de Frédéric Engels, publié à Hambourg en 1865. A cette époque, le cabinet Bismarck s'efforça de mettre sous son aile l'Association générale des ouvriers allemands [6] - la seule coalition organisée des: ouvriers sociaux-démocrates d'Allemagne - en faisant miroiter aux ouvriers la perspective que le gouvernement accorderait le suffrage universel. Le « droit de vote général, égal et direct » n'était - il pas le seul moyen infaillible prêché par Lassalle pour conquérir le pouvoir politique par là classe ouvrière ? Pourquoi dès. lors se pencher sur des choses aussi basses que les libertés de la presse, de réunion et d'association pour lesquelles la bourgeoisie également intervenait ou du moins l'affirmait ? Si la bourgeoisie s'y intéressait n'était - ce pas précisément une raison pour les ouvriers de se tenir à l'écart de tout cela dans leur agitation ? L'auteur de la brochure ci-dessus mentionnée s'en prit à cette conception. Mais les dirigeants de l'Association générale des ouvriers allemands se croyaient plus malins, et l'auteur de la brochure ainsi que ses amis eurent tout juste la satisfaction d'être mis au ban de leur ville natale Barmen par les Lassalléens.

Et où en sont les choses aujourd'hui ? Le « droit de vote général, égal et direct » existe depuis deux ans. Déjà on a voté pour deux Reichstag. Les ouvriers, au lieu de se prélasser à la direction du pouvoir et de décréter des « subventions d'État » d'après la recette de Lassalle, envoient à grand peine une demi - douzaine de députés au Reichstag. Bismarck est chancelier d'Empire, et il dissout l'Association générale des ouvriers allemands [7].

Pourquoi le suffrage universel n'a-t-il pas apporté aux ouvriers le millénium promis ? La réponse ils pouvaient également la trouver déjà dans la brochure d'Engels, p. 48:

« Or en ce qui concerne le suffrage universel direct, il suffit de jeter un coup d'œil sur la France pour voir comment on peut réaliser des élections dociles, si l'on dispose d'une nombreuse population rurale abétie, d'une bureaucratie bien organisée, d'une presse soigneusement contrôlée, d'associations parfaitement tenues en bride par la police - et sans aucune réunion politique. Combien de représentants d'ouvriers le suffrage universel direct fait - il entrer dans la Chambre française ? Et pourtant, disposant d'une concentration bien plus grande et d'une plus longue expérience de lutte et d'organisation, le prolétariat français a de l'avance sur l'allemand.
« Cela nous mène à un autre point encore. En Allemagne, la population des campagnes est deux fois plus importante que celle des villes, c'est dire que les deux tiers de sa population vivent du sol et un tiers de l'industrie. Et comme en Allemagne la grande propriété foncière est la règle et le petit paysan parcellaire l'exception, cela signifie que, si un tiers des travailleurs est soumis aux capitalistes, deux tiers sont aux ordres du seigneur féodal. Ceux qui s'en prennent sans cesse aux capitalistes, mais ne soufflent mot contre les féodaux, feraient bien d'y réfléchir. Les féodaux exploitent en Allemagne deux fois plus de travailleurs que les bourgeois; ils y sont les ennemis tout aussi directs des ouvriers que les capitalistes.
« Mais ce n'est pas tout - tant s'en faut. Dans les anciens domaines féodaux, le régime patriarcal impose au journalier agricole ou au paysan sans terre une dépendance héréditaire vis-à-vis de son gracieux seigneur, et rend très difficile au prolétaire agricole son entrée dans le mouvement des travailleurs urbains. A quoi s'ajoutent les curés, l'abrutissement systématique des campagnes, la méchante éducation scolaire, le cercle clos, de la vie rurale. Le prolétariat agricole est la partie de la classe ouvrière la plus mal lotie et elle sera la dernière à prendre conscience de ses intérêts, de sa position sociale, bref, elle restera le plus longtemps un instrument inconscient dans les mains de la classe privilégiée qui l'exploite. Or quelle est cette classe ? En Allemagne, ce n'est pas la bourgeoisie, mais la noblesse féodale.
« En France, où il n'existe pratiquement que des paysans libres, propriétaires de leur terre, où l'aristocratie féodale est depuis longtemps privée de tout pouvoir politique, le suffrage universel n'a pas fait entrer les ouvriers dans les Chambres, mais, tout au contraire, les en a pratiquement exclus. Quel serait le résultat en Allemagne, où la noblesse féodale est encore effectivement une puissance sociale et politique, et où il y a deux travailleurs agricoles pour un ouvrier d'indu strie ? Combattre la réaction féodale et bureaucratique - formant actuellement en Prusse un couple indissociable - c'est lutter pour l'émancipation intellectuelle et politique du prolétariat rural. Tant que ce dernier ne sera pas entraîné dans le mouvement, le prolétariat des villes ne pourra rien obtenir. Loin d'être une arme pour lui, le suffrage universel direct ne sera qu'un piège.
« Cette analyse très franche, mais nécessaire, incitera - t - elle les féodaux à introduire le suffrage universel ? - Tant mieux. »

L'Association générale des ouvriers allemands a été dissoute non seulement sous le règne du suffrage universel, mais précisément parce que règne le suffrage universel. Engels lui avait prédit qu'elle serait persécutée dès qu'elle deviendrait dangereuse. Lors de son dernier congrès, l'Association avait décidé : 1. de faire de l'agitation pour une pleine liberté politique, et 2. de collaborer avec l'Association internationale des travailleurs.

Ces deux résolutions signifient une rupture totale avec tout le passé de l'Association. Du même coup, elle abandonnait la position de secte qu'elle occupait jusque - là pour se placer sur la large base d'un grand mouvement ouvrier. En haut lieu on semble avoir compris que c'était là en quelque sorte une entorse à la convention. En d'autres temps, cela n'aurait pas tiré vraiment à conséquence, mais depuis l'instauration du suffrage universel, il faut préserver soigneusement son prolétariat des campagnes et des petites villes de telles tentatives de subversion ! Le suffrage universel fut donc le dernier clou enfoncé dans le cercueil de l'Association générale des ouvriers allemands. C'est un honneur pour l'association d'avoir succombé à la suite de cette rupture avec le lassalléanisme borné. Quelle que soit l'organisation qui la remplacera, elle sera édifiée sur une base et des principes beaucoup plus larges que ceux que pouvaient offrir les quelques slogans lassalléens éternellement rabâchés à propos de l'aide de l'État. A partir du moment où les membres de l'Association dissoute se sont mis à penser, au lieu de croire seulement, disparaît alors le dernier obstacle qui se trouve sur la voie de la fusion de tous les ouvriers sociaux-démocrates d'Allemagne en un grand parti [8].


Demokratisches Wochenblatt, 10 octobre 1868.

Il convient d'ajouter la note suivante à l'article publié sous le même titre dans notre dernier numéro après la citation extraite de la brochure d'Engels sur le suffrage universel :

Le « Président de l'Humanité », Bernhard Becker [9], légué par Lassalle à l'Association a accablé en son temps le « parti Marx », - c’est-à-dire Marx, Engels et Liebknecht - d'injures les plus atroces [10]. À présent dans son écrit immonde, Révélations sur la fin tragique de Ferdinand Lassalle, qui met à nu sa bassesse d'âme et n'a d'intérêt que par les documents qui y sont passés sous silence, ce même Becker malmène comme suit la prose d'Engels:

« Quelle est la seule raison pour laquelle on n'agite pas pour la liberté inconditionnelle de réunion, d'association et de presse ? Pourquoi les ouvriers ne cherchent - ils pas à se débarrasser des chaînes qu'on leur pose en ces temps de réaction ? » (p. 133). « En continuant tout simplement de développer la base démocratique, on peut rafraîchir le lassalléanisme et glisser dans le pur socialisme. Pour cela, il est nécessaire, entre autres, que l'on cesse d'épargner les intérêts des hobereaux ou propriétaires fonciers fortunés, et que la théorie socialiste soit complétée et achevée (sic) par application à la grande masse des ouvriers agricoles qui en Prusse dépasse de loin la population des villes » (p. 134).

On voit que l'auteur de cette brochure (Fr. Engels) peut être satisfait de l'effet qu'elle a produit sur ses adversaires !


Marx à J. - B. von Schweitzer
13 octobre 1868.

Cher monsieur,

Si vous n'avez pas reçu de réponse à votre honorée du 15 septembre, la faute en est à un malentendu de ma part. J'ai cru comprendre que vous vouliez me communiquer votre avant - projet pour examen [11] et j'ai attendu. Ensuite il y eut le congrès, et c'est alors que j'estimai que la réponse - étant donné que je suis surchargé de travail - n'était plus pressante. Avant l'arrivée de votre lettre du 8 octobre, j'avais déjà à plusieurs reprises exhorté à la paix - en ma qualité de secrétaire de l'Internationale pour l'Allemagne. On m'avait répondu (et pour preuve on m'avait envoyé des passages du Social - Demokrat) que vous-même vous provoquiez la guerre. Je déclarai que mon rôle dans ce duel devait nécessairement se borner à celui d'un arbitre « impartial ».

J'estime que je ne peux mieux répondre à la grande confiance que vous m'exprimez dans votre lettre qu'en vous communiquant ouvertement, sans ambages diplomatiques, quelle est ma position dans cette affaire.

Je reconnais absolument l'intelligence et l'énergie avec lesquelles vous agissez dans le mouvement ouvrier. Je n'ai jamais caché cette opinion à un quelconque de mes amis. Là où je dois m'exprimer publiquement - au Conseil général de l'Association internationale des travailleurs et dans l'Association des communistes allemands de Londres - je vous ai toujours traité comme un homme de notre parti, et je n'ai jamais lâché un mot sur nos points de divergence. Et pourtant ces points de divergence existent.

D'abord en ce qui concerne l'Association de Lassalle, elle a été fondée durant une période de réaction. Après un sommeil de quinze ans, le mouvement ouvrier a été tiré de sa torpeur en Allemagne par Lassalle - et c'est là son mérite impérissable. Cependant il commit de grosses fautes, car il se laissait trop dominer par les circonstances du moment. Il fit d'un point de départ insignifiant - son opposition à un nain tel que Schulze - Delitzsch - le point central de son agitation : l'aide de l'État, au lieu de l'action autonome du prolétariat. Bref, il reprit simplement la formule que Buchez, chef du socialisme catholique français avait lancée dès 1843 en opposition au mouvement ouvrier réel en France. Trop intelligent pour considérer cette formule comme autre chose qu'un pis-aller transitoire, Lassalle ne put la justifier que par sa prétendue utilité immédiate. En conséquence, il affirmait que cette formule était réalisable dans le plus proche avenir. Or donc, l'État en question ne fut rien d'autre que l'État prussien. C'est ce qui l'obligea à faire des concessions à la monarchie prussienne, à la réaction prussienne (parti féodal) et même aux cléricaux. Enfin il combina la formule de Buchez - assistance de l'État aux sociétés ouvrières - avec la revendication chartiste du suffrage universel, sans s'apercevoir que les conditions n'étaient pas lés mêmes en Allemagne qu'en Angleterre : il oublia les leçons du Bas-Empire sur le suffrage universel français [12].

Comme tous ceux qui prétendent avoir dans leur poche une panacée contre les souffrances des masses, il donna d'emblée à son agitation un caractère sectaire de type religieux. En effet, toute secte est religieuse. Précisément parce qu'il était le fondateur d'une secte, il nia tout rapport naturel avec le mouvement antérieur d'Allemagne ou de l'étranger. Il tomba dans l'erreur de Proudhon, en ne cherchant pas la base de son agitation dans les éléments réels du mouvement de classe, mais en voulant prescrire à ce dernier sa marche d'après une recette doctrinaire déterminée.

Ce que je dis ici après coup, je l'avais en grande partie prédit à Lassalle, lorsqu'il vint me rendre visite à Londres en 1862 et me demanda de me mettre avec lui à la tête de ce nouveau mouvement.

Vous avez expérimenté personnellement l'opposition qui existe entre un mouvement de secte et un mouvement de classe. La secte cherche sa raison d'être et son point d'honneur, non pas dans ce qu'il y a de commun au sein du mouvement ouvrier, mais dans sa recette particulière qui l'en distingue. Ainsi lorsque vous avez proposé à Hambourg de convoquer un congrès en vue de fonder des syndicats [13], vous n'avez pu briser la résistance des sectaires qu'en menaçant de démissionner de votre poste de président. En outre, vous avez été contraint de dédoubler votre personne, en déclarant que l'une agissait en tant que chef de secte, et l'autre en tant qu'organe du mouvement de classe.

La dissolution de l’Association générale des ouvriers allemands vous a fourni l'occasion de réaliser un grand progrès et de déclarer - de prouver, s'il le fallait - qu'une nouvelle phase de développement venait de s'ouvrir, que le moment était venu de dissoudre le mouvement sectaire dans le mouvement de classe, et pour mettre fin à tout personnalisme.

Le contenu réel de la secte eût dû être transféré comme élément enrichissant dans le mouvement général, comme l'ont fait toutes les sectes ouvrières du passé. Au lieu de cela, vous avez mis en demeure le mouvement de classe de se subordonner à un mouvement sectaire particulier. Ceux qui ne sont pas vos amis en ont conclu que vous vouliez conserver à tout prix votre « propre mouvement ouvrier ».

En ce qui concerne le congrès de Berlin, il n'y avait pas lieu de se presser, puisque la loi sur les coalitions n'était pas encore votée [14]. Vous auriez donc dû vous entendre d'abord avec les chefs extérieurs au cercle lassalléen, pour élaborer avec eux un plan commun, puis convoquer le congrès. Au lieu de cela, vous ne leur avez laissé qu'une alternative : se rallier publiquement à vous, ou faire front contre vous. Quant au congrès, il n'apparaissait que comme une réplique élargie du congrès de Hambourg.

En ce qui concerne votre projet de statuts [des syndicats], j'en tiens les principes pour fondamentalement faux, et je crois avoir autant d'expérience dans le domaine syndical que n'importe quel autre contemporain. Sans vouloir entrer ici dans les détails, j'observe simplement que l'organisation centralisée, qui s'applique si bien aux sociétés secrètes et aux sectes, est en contradiction avec la nature même des syndicats. Même si elle était possible - or je la tiens tout bonnement pour impossible - , elle ne serait pas souhaitable, surtout en Allemagne. En effet, les ouvriers y sont dressés dès l'enfance par la bureaucratie à croire en l'autorité et l'instance supérieure, si bien qu'il faut avant tout qu'ils apprennent à se tirer d'affaire tout seuls.

Par ailleurs, votre plan manque de sens pratique. L' « Union » comprendrait trois puissances, d'origine diverse : 1º Le bureau élu par les associations de métier. 2º Le président (personnage superflu ici) élu au suffrage universel. Les statuts de l'Association internationale des travailleurs avaient également fait mention d'un président de l'Association. En réalité, il n'a jamais eu d'autre fonction que de présider aux séances du Conseil général. J'ai refusé le poste de président en 1866 et proposé de le supprimer complètement en 1867, pour lui substituer un président de séance choisi à chaque réunion hebdomadaire du Conseil général. Le bureau londonien des syndicats n'a, lui aussi, qu'un président de séance. Son seul permanent est le secrétaire, qui est chargé des affaires courantes. 3º Le congrès, élu par les sections locales. Cela signifie des heurts partout; or on prétend favoriser une « action rapide » !

Lassalle commit une lourde faute en empruntant à la Constitution française de 1852 le « président élu au suffrage universel » - et de plus - pour le mouvement syndical ! Or celui-ci s'occupe principalement de questions d'argent, et vous ne tarderez pas à constater que toute velléité de dictature s'arrête là.

Cependant quelles que soient les erreurs d'organisation, on pourrait peut-être les éliminer dans une mesure plus ou moins grande en agissant rationnellement. Comme secrétaire de l'Internationale, je suis prêt à assurer la médiation entre vous et la majorité de Nuremberg qui s'est affiliée directement à l'Internationale [15] ; j'entends, bien entendu, agir sur une base rationnelle. J'ai écrit en ce sens à Leipzig (à Wilhelm Liebknecht [16]). Je ne méconnais pas les difficultés de votre position, et je n'oublie jamais que chacun d'entre nous dépend plus des circonstance extérieures que de sa volonté.

Je vous promets en toute occurrence d'être impartial, comme c'est mon devoir. Mais je ne puis vous promettre qu'un jour je ne serai pas amené à critiquer ouvertement les superstitions lassalléennes, comme je l'ai fait autrefois pour les proudhoniennes. Jexpliciterai alors mes positions personnelles, dictées absolument par l'intérêt du mouvement ouvrier.

En attendant, soyez assuré personnellement de ma meilleure volonté à votre égard.

Votre dévoué K. M.


Notes

[1] Cette Association fut fondée le 23 mai 1863 à Leipzig sous le patronage de Lassalle. Cependant l'initiative en revenait à des ouvriers imprégnés des traditions de la Ligue des communistes et de la révolution de 1848. Groupés en associations ouvrières, les travailleurs tendaient à se soustraire aux influences réformatrices des idéologues du socialisme d'État ou des libéraux bourgeois et à s'organiser sur une base de classe, bien que l'industrie moderne ne fût pas encore développée et l'unité de l'Allemagne réalisée. Ferdinand Lassalle devint le président de l'A.G.O.A. en 1863 et le demeura jusqu'à sa mort en 1864. Début septembre 1864, Liebknecht demanda à Marx de se faire élire président de l'A.G.O.A. et souligna que Bernhard Becker et von Schweitzer (qui en furent successivement les présidents) lui avaient demandé de faire cette démarche. Pour diverses raisons (notamment parce qu'il était lié à Londres par son activité d'organisation de la I° Internationale et interdit de séjour en Allemagne), Marx déclina cette offre, et les éléments lassalléens imposèrent leur dictature à l'Association. Néanmoins Marx-Engels ne cherchèrent pas à former une organisation nouvelle, mais à influencer l'A.G.O.A. afin de la relier d'abord à l'Internationale et la transformer ensuite en un véritable parti révolutionnaire. Les règles d'organisation lassalléennes, axées sur le culte de la personnalité et le principe d'autorité qui en découle, permirent une véritable dictature sur les membres les plus actifs et les plus conscients de la nécessité d'une politique et d'un programme de classe, et retardèrent, sinon contrarièrent la formation d'un parti de classe, auquel tous les rapports d'exploitation des ouvriers poussaient en Allemagne.
Une résistance très vive finit par se développer au sein de l'A.G.O.A. même contre la politique opportuniste et sectaire des dirigeants de l'Association, qui collaboraient de plus en plus ouvertement avec Bismarck. De nombreux militants et dirigeants quittèrent en 1869 l'A.G.O.A. et fondèrent avec August Bebel et Wilhelm Liebknecht le parti ouvrier social-démocrate à Eisenach.
Le mouvement réel tout entier des ouvriers allemands tendaient à saper les positions sectaires des dirigeants lassalléens et à la fusion de tous les éléments ouvriers de l'A.G.O.A. et des Eisenachiens en un seul parti unitaire de classe.
Les textes de Marx-Engels sur leurs rapports avec le mouvement ouvrier allemand nous donnent, sinon tous les détails historiques de la vie de la social-démocratie allemande, du moins tous les principaux points de repère et jalons de son histoire, ce qui permet le mieux d'en tirer la synthèse historique. Les interventions de Marx-Engels auprès de l'A.G.O.A. éclairent ainsi la question de l'ultérieure fusion des Lassalléens et Eisenachiens au congrès de Gotha qui marque le début réel du parti social-démocrate, non pour ce qui est du programme qui en est issu, mais pour ce qui est de l'organisation. Cette fusion était dans le cours nécessaire des choses, et Marx-Engels n'en critiquèrent que les concessions programmatiques et organisationnelles exorbitantes à la tendance moribonde des Lassalléens.

[2] Les ouvriers allemands, engagés de plus en plus dans des luttes économiques, se préoccupaient avant tout d'organiser leur défense contre l'exploitation qui s'aggravait à mesure de l'industrialisation accélérée de l'Allemagne : ils avaient un besoin vital de syndicats face à l'organisation patronale de l'industrie. Les dirigeants lassalléens, pour ne pas perdre leur influence sur les masses, renoncèrent pratiquement à leur panacée sociale - les coopératives avec l'aide de l'État - pour se lancer dans la création de syndicats en vue de barrer les efforts de Bebel, Liebknecht, etc. en ce sens. Ainsi le congrès de Hambourg de l'A.G.O.A. aborda - t - il des problèmes qui n'avaient rien à voir avec le programme lassalléen, de sorte que les partisans les plus farouches de von Schweitzer opposèrent à leur chef la plus vive résistance lorsqu'il proposa de convoquer un Congrès syndical à Berlin. Le congrès de Hambourg prit des décision fondamentales en sens tout à fait marxiste : reconnaissance du principe des grèves, action commune avec les ouvriers des autres pays et hommage au Capital de Marx, « bible de la classe ouvrière militante ».
Le mouvement allemand suivait pas à pas le schéma d'organisation prévu parle Manifeste de 1848 : organisation en syndicat, puis en parti politique et collaboration de ces deux organisations sous la direction politique de l'Internationale constituant te prolétariat en classe mondiale consciente, militante, unitaire et organisée en vue de la conquête du pouvoir. Dans ces conditions les idées de Marx-Engels ne pouvaient pas ne pas triompher du lassalléanisme, expression bornée des travailleurs d'une Allemagne qui n'avait pas encore fait son unité et était encore largement petite bourgeoise.
A propos de la polémique entre Marx et von Schweitzer sur les coopératives de production et le mouvement syndical, cf. Marx-Engels, le Syndicalisme, I, pp. 87-95.

[3] Allusion à la loi sur les associations du 11-03-1850. Dès les premiers pas du mouvement ouvrier allemand, le gouvernement prussien sut utiliser la force de l'État pour interdire l'activité précise qui était vitale pour l'organisation existante, en l’occurrence la liaison avec la I° Internationale conduite par Marx.

[4] Marx distingue l'organisation de von Schweitzer et celle de Bebel - Liebknecht non en termes d'opposition, mais d'après des critères territoriaux dans une Allemagne non encore unifiée.
Le congrès de t'Association des sociétés ouvrières allemandes se réunit du 5 au 7-09-1869 à Nuremberg : 115 délégués y représentaient 93 sociétés. Le conseil général de l'Internationale y envoya son délégué Eccarius, le congrès devant discuter de son « adhésion aux efforts » de l’Internationale. Le programme qui y fut adopté, était celui de l'Adresse inaugurale de l'A.I.T., la politique allemande à suivre fut définie par le texte d'Engels sur la Question militaire prussienne et le parti ouvrier allemand. Le congrès se scinda en deux blocs lors du vote sur le programme, 69 oui, soit 61 sociétés contre 46 correspondant à 12 sociétés. La minorité représentant surtout des délégués de la bourgeoisie libérale quitta l'organisation. Ce congrès fut un pas décisif dans l'émancipation de l'Association vis-à-vis des influences bourgeoises et petites bourgeoises. Un comité de 16 membres fut élu pour faire exécuter les résolutions du Congrès : le Conseil général de l'A.I.T. le reconnut le 22-09-1868 comme comité exécutif de I'A.I.T. en Allemagne.
Le congrès de Nuremberg prit la résolution suivante sur les syndicats, dont le parti politique prenait donc l'initiative de la création dans l'intérêt matériel et social des ouvriers : « Considérant que l'octroi par l'État existant d'une caisse générale d'assurance - vieillesse gérée par l'administration donne inconsciemment aux ouvriers un intérêt conservateur aux formes existantes de l'État, en lequel ils ne peuvent avoir aucune confiance; que les caisses de maladie, de vieillesse et d'aide aux travailleurs en déplacement fonctionnent le mieux lorsqu'elles sont le fruit de l'initiative des syndicats, le cinquième congrès demande aux membres de l’Association et surtout de la direction d'agir énergiquement pour organiser les ouvriers en syndicats centralisés.

[5] Le congrès de Nuremberg avait repris les thèses exposées par Engels dans cet écrit (cf. traduction française dans Marx-Engels, Écrits militaires, L'Herne, pp. 449-490) : se désolidariser des milieux gouvernementaux prussiens à la veille de l'unité allemande, qu'il eût fallu réaliser par une révolution par le bas et non par le haut, comme ce fut malheureusement le cas.
Le lecteur trouvera des textes de Marx-Engels (cf Parti de classe, II, pp. 106-119) en traduction française sur leur action en faveur de la promotion du mouvement ouvrier allemand.

[6] Lassalle lui-même fut empêché in extremis de devenir directement la créature de Bismarck. Dans son rapport à la conférence de l'A.I.T. de Londres sur la situation du mouvement ouvrier en Allemagne, Liebknecht écrit le 23-09-1865 : « Lassalle était allé trop loin; il était profondément pris dans les rêts de l'aristocratie - et ne pouvait plus reculer. Ce que ses amis (Marx-Engels) lui avaient prédit se vérifia bientôt. Afin que son mouvement ne soit pas aussitôt réprimé, il dut faire des concessions au Pouvoir, c'est dire qu'à dut briser la pointe révolutionnaire des principes qu'il propageait. Et après un an déjà il se trouva devant le dilemne : ou bien reconnaître qu'il avait commis une faute, ou bien passer du côté gouvernemental. »
Dans une lettre publiée par le Sozialdemokrat du 3-03-1865, Marx-Engels avaient déjà déclaré qu'ils renonçaient à collaborer à l'organe lassalléen en raison de son attitude pro - bismarckienne.
Dans sa déclaration du 18-02-1869, W. Liebknecht annonçait : « Je suis prêt à faire face à Monsieur von Schweitzer dans une réunion publique et à fournir la preuve qu'il (Schweitzer) - soit pour de l'argent, soit par penchant - tente de circonvenir systématiquement l'organisation du Parti ouvrier depuis fin 1864 et fait le jeu du césarisme bismarckien. Et en outre je prouverai que moi - même et mes amis n'avons négligé aucun moyen pour promouvoir l'unité du parti et que Monsieur von Schweitzer a fait échouer jusqu'ici tous nos efforts en ce sens ».

[7] L'A.G.O.A. s'étant radicalisée sous la pression des masses, comme cela s’était manifesté clairement au congrès de Hambourg, où la direction lassalléenne avait été obligée d'adopter un point de vue marxiste en opposition flagrante avec le lassalléanisme, la police de Leipzig ordonna le 16-09-1868 la dissolution de l'A.G.O.A. et la fermeture de sa section berlinoise. Le coup était manifestement dirigé contre les éléments radicaux, car von Schweitzer reconstitua trois semaines plus tard à peine l'Association à Berlin sous le même nom avec une direction lassalléenne.
Dans les nouveaux statuts, il affirmait clairement son intention d'agir strictement dans le cadre de la législation prussienne. La direction s'était inclinée devant l'État prussien, et se mit en devoir de dissoudre les sections locales rebelles. Von Schweitzer s'engagea toujours davantage dans la collaboration avec Bismarck, dont il soutint la politique d'unification de l'Allemagne sous l'hégémonie prussienne, ce qui empoisonna tous les rapports entre la social-démocratie et l'État allemand : il s'opposa à l'affiliation des ouvriers allemands à l'Internationale, et lutta contre le parti ouvrier social-démocrate par tous les moyens, Schweitzer fut finalement exclu de l'A.G.O.A. en 1872, ses relations avec le gouvernement prussien furent alors rendues publiques.

[8] Le Parti ouvrier allemand se constituera, en revendiquant les principes internationalistes, énoncés par Marx dans l'Adresse inaugurale et les Statuts de l'A.I.T. et en luttant contre les éléments démocrates libéraux ainsi que les chefs lassalléens liés au socialisme d'État de Bismarck. Le Parti ouvrier social-démocrate fut fondé au congrès d'Eisenach, du 7-9-08-1869, auquel assistèrent 263 délégués mandatés par 200 sections d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse.
Pour Marx, le parti allemand devait se constituer par l'activité organisatrice des ouvriers eux - mêmes, en réaction non seulement contre les chefs lassalléens corrompus, mais encore de chefs, tels que Liebknecht, et Ëccarius qui voulaient régenter les ouvriers : « Je ne crois pas que Schweitzer ait eu le pressentiment du coup qui vient de le frapper. Si cela avait été le cas, il n'aurait pas glorifié avec tant d'ardeur les vertus d'une « organisation qui marche au pas ». Je crois que c'est l'Internationale qui a poussé le gouvernement prussien à prendre cette mesure [la dissolution de l'A.G.O.A.]. Ce qui explique la lettre « si chaudement fraternelle ».que Schweitzer m'a adressée, c'est tout simplement qu'après la décision de Nuremberg, il craignait que je prenne publiquement parti pour Liebknecht, contre lui. Après le congrès de Hambourg - le bonhomme m'avait écrit de bien vouloir y venir pour « qu'on me charge des lauriers tant mérités » - une telle polémique eût été périlleuse pour lui. Ce qui est le plus nécessaire pour la classe ouvrière allemande, c'est qu'elle cesse d'agir avec l'autorisation préalable de ses hautes autorités. Une race aussi bureaucratiquement éduquée doit suivre un cours complet de formation politique en agissant par sa seule initiative. Au reste, elle bénéficie d'un avantage absolu : elle commence le mouvement dans des conditions de maturité d'une époque bien plus avancée que les ouvriers anglais et, du fait de la situation allemande, les ouvriers ont un esprit généralisateur solidement ancré en eux. » (Marx à Engels, 26-09-1868.)

[9] Dans sa lettre du 25-09-1868, Marx avait demandé à Engels d'ajouter une note polémique contre le président de l'A.G.O.A. (1864 - 65), Bernhard Becker. En effet : « le moment est venu maintenant d'attaquer ce genre de lassalléanisme d'abord, et il ne faut absolument pas admettre que le pamphlet merdeux de B. Becker soit passé sous silence ».

[10] Ce joli travail est poursuivi maintenant par la comtesse Hatzfeldt, la « mère » de cette caricature de l’Association générale des ouvriers allemands qu'est l'organisation dirigée par les Försterling et Mende (Note d'Engels).

[11] Marx fait allusion - sans doute pour le rappeler à von Schweitzer - au fait que les dirigeants d'associations ouvrières désirant adhérer à l'Internationale devaient envoyer au Conseil général leurs statuts pour faire vérifier si elles étaient en harmonie avec les statuts et principes de l'Internationale.

[12] Le suffrage universel a un sens différent selon que la population ouvrière est largement minoritaire ou majoritaire dans un pays : « Le suffrage universel qui fut, en 1848, une formule de fraternisation générale, est donc en Angleterre un cri de guerre. En France, le contenu immédiat de la révolution, c'était le suffrage universel; en Angleterre, le contenu immédiat du suffrage universel, c'est la révolution. » (Marx, Neue Oder Zeitung, 8-06-1855). A propos du parlementarisme révolutionnaire et de la politique social-démocrate , cf. Marx-Engels, le Parti de classe, I, pp. 124-138.

[13] Ce congrès se tint à Berlin du 26 au 29-09-1869. L'organisation lassalléenne interdit aux membres de l’Association des sociétés ouvrières allemandes d'y participer, empêchant ainsi une action unitaire et concertée au niveau syndical. Le congrès décida la création de l'Union des ouvriers allemands et nomma von Schweitzer et d'autres Lassalléens à la direction, portant ainsi la division au sein du mouvement syndical. Les statuts élaborés par Schweitzer portaient la marque du lassalléanisme, personnaliste et dictatorial. Marx les soumet à une vive critique dans la suite de sa lettre.

[14] Marx fait allusion à la loi, votée le 29 mai 1869 seulement par la Diète de l'Allemagne du Nord, accordant aux ouvriers le droit de coalition et de grève. Dans sa hâte, von Schweitzer était pour le moins « illogique » : il prônait uniquement « une action dans le cadre légal » dans sa lettre du 8-10-1868 à Marx, soit avant la loi autorisant les syndicats et les grèves.

[15] Au congrès de Nuremberg, Bebel avait envoyé une lettre au Conseil général de Londres pour y inviter un délégué et informer le Conseil : « Un événement considérable pour la majeure partie des sociétés ouvrières allemandes nous incite à vous adresser cette missive. L'Association des sociétés ouvrières allemandes tiendra son congrès les 5, 6 et 7 septembre à Nuremberg. Entre autres, l'ordre du jour renferme la question très importante du programme, qui décidera si l'Association continuera à l'avenir de travailler comme elle le fait actuellement sans aucun principe ni plan, ou si elle agira d'après une ligne directrice fondamentale, selon une orientation bien déterminée. Nous avons choisi cette dernière voie, et nous sommes résolus de proposer l'adoption du programme de l'A.I.T. tel qu'il est exposé dans le premier numéro du Vorbote, ainsi que l'affiliation à l'Internationale. »

[16] Cette lettre n'a pu être retrouvée.


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