1843-50 |
"On remarquera que, dans tous ces écrits, et notamment dans ce dernier, je ne me qualifie jamais de social-démocrate, mais de communiste... Pour Marx, comme pour moi, il est donc absolument impossible d'employer une expression aussi élastique pour désigner notre conception propre.." F. Engels, 1894. Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec. |
Le parti de classe
Préparation de la révolution (1847-1848)
La bourgeoisie belge a refusé la république au peuple il y a quinze jours ; maintenant c'est elle qui se prépare à prendre l'initiative du mouvement républicain [1]. Elle ne pose pas encore tout haut la proclamation, mais partout à Bruxelles elle le dit tout bas à l'oreille : « Décidément, il faut que Léopold s'en aille ; décidément, il n’y a que la république qui puisse nous sauver, mais ce qu'il nous faut c'est une bonne et solide république, sans organisation du travail, sans suffrage universel, sans que les ouvriers s'en mêlent ! »
Cela est déjà un progrès. Les bons bourgeois, qui, il y a peu de jours encore, se défendirent à outrance de toute intention de contrefaire la République française, ont ressenti le contrecoup de la crise financière de Paris. Tout en décriant la contrefaçon politique, ils subirent la contrefaçon financière. Tout en chantant des hymnes à l’indépendance et à la neutralité belges, ils trouvèrent que la Bourse de Bruxelles était dans la dépendance la plus complète, la plus humiliante, de celle de Paris. Le cordon de troupes qui occupe la frontière du sud n'a pas empêché la baisse des fonds d'entrer, tambour battant, sur le territoire garanti neutre de la Belgique...
Notes
[1]
Engels, texte écrit en français (MEGA, I/6, p. 422), 18 mars 1848.
En décrivant la situation belge à la suite des événements
révolutionnaires de février, Engels poursuit, sur le terrain de
la lutte de classe ouverte, la polémique commencée par Marx
contre le Débat social qui, après avoir tenté
d'écarter les communistes allemands de l'Association
démocratique belge, voulait en prendre la direction.
Cette fois, c'est la bourgeoisie belge elle-même qui,
sous la pression révolutionnaire, s'apprête à faire
semblant d'appliquer les revendications démocratiques,
réclamées par l'Association démocratique, afin de prendre
la direction du mouvement et d'étouffer ses aspirations
révolutionnaires, quitte à ne réaliser aucune de ses promesses
lorsque la pression des masses aura diminué.
Ces deux exemples témoignent du prolongement de la théorie
du parti dans la vie sociale réelle, au travers de la lutte des
classes.