1961 |
" A ceux qui crient à « l'Espagne éternelle » devant les milices de la République avec leurs chefs ouvriers élus et leurs titres ronflants, il faut rappeler la Commune de Paris et ses Fédérés, ses officiers-militants élus, ses « Turcos de la Commune », ses « Vengeurs de Flourens », ses « Lascars ». " |
La Révolution et la Guerre d’Espagne
II.5 : L'évolution politique en Espagne nationaliste
La conquête du Nord ne donne pas seulement aux nationalistes des avantages économiques et stratégiques. Elle est une assurance pour les États étrangers que le Movimiento ne peut être vaincu par les armes. Elle affirme la supériorité militaire de Franco au moment où il devient, aux yeux de tous, dans l'Espagne rebelle, le chef incontesté de la « Croisade ».
La domination de l'armée a immédiatement imposé l' « ordre » par la crainte. Néanmoins, la situation politique est restée singulièrement confuse en zone nationaliste pendant les premiers mois. Pendant cette période, en effet, et jusqu'en octobre 36, les chefs de la rébellion n'ont pas estimé qu'une organisation politique était nécessaire dans cette zone. Ils consacrent tous leurs efforts à la poursuite d'une guerre dont ils pensent qu'elle sera brève. Ils se contentent d'assurer leurs arrières par des mesures énergiques.
Ainsi ils ne peuvent laisser et ne laissent plus subsister aucun parti d'opposition. La proclamation de l'état de siège a mis entre les mains des autorités militaires les moyens de briser toute résistance. Il n'y a plus de syndicats, ni de partis ouvriers ou républicains ; les autres partis ne manifestent plus d'activité sérieuse. D'ailleurs une décision du 25 septembre 36 interdit toute activité politique et syndicale. S'il existe une résistance ouvrière et paysanne, en Andalousie et en Estrémadure surtout, elle est décapitée depuis les premières victoires nationalistes et la répression violente qui les a suivies. Elle ne se manifeste guère que par des actes de sabotage en usine et des guérillas qui gênent les nationalistes, mais ne troublent pas profondément leur sécurité.
Mais la dictature militaire ne parvient pas à cacher la disparité des forces qui ont participé au Movimiento et le manque de personnel politique qualifié. En dehors des forces régulières, on retrouve, comme en zone républicaine, dans les premiers jours de l'insurrection, une diversité dans les « uniformes », qui symbolise les divergences politiques. Un reportage du Temps, daté du 8 octobre, et visiblement favorable aux rebelles, souligne la joyeuse pagaille qui règne dans la zone de Pampelune et de Vitoria; les vêtements dont s'affublent les Flechas, garçonnets de la jeunesse phalangiste, et les Pelayos, les jeunes carlistes, jettent la note la plus étrange, le pantalon noir, la chemise bleue et le bonnet de police des premiers s'opposant à la tenue kaki et au béret rouge des seconds. Telle ou telle fraction domine dans un secteur déterminé. Ainsi les « albiñanistes » [1] sont essentiellement recrutés dans la région de Burgos; les phalangistes sont nombreux à Salamanque, « la ville bleue », et à Valladolid ; les requetes, qui représentent l'élément le plus pittoresque, dominent évidemment en Navarre, où la boina rouge le béret des carlistes est le signe de ralliement.
Ainsi les déclarations d'apolitisme des premiers temps ne sont-elles que de principe. Elles soulignent le caractère transitoire de cette période, laissant subsister l'incertitude concernant l'avenir; la dictature militaire est-elle un expédient ou se maintiendra-t-elle? Des forces politiques prédominantes, dont les buts ne sont pas toujours semblables, des monarchistes traditionalistes ou des phalangistes, lesquels doivent l'emporter? Au départ, la question a été volontairement éludée. Dans les premiers temps de l'insurrection, on a vu flotter les drapeaux de la République à côté des drapeaux monarchistes. Finalement les couleurs de la Royauté ont été rétablies, mais sans que cela laisse présumer du régime définitif de l'Espagne.
Comme il faut tout de même au pays insurgé un organisme central, une Junte provisoire a été mise en place. Son chef officiel est le vieux général Cabanellas, à la barbe noble et aux moyens limités, désigné, sans doute, pour éviter un choix difficile entre les dirigeants de l'insurrection, après la mort de Sanjurjo. Mais le pouvoir réel est vite pris par le triumvirat Queipo de Llano-Mola-Franco. Lorsqu'il se révélera nécessaire d'établir, en même temps que l'unité de commandement militaire, une autorité politique absolue, c'est au général Franco qu'elle sera confiée.
Des hommes qui auraient pu rivaliser avec lui, la plupart sont morts. Sanjurjo, qui était le véritable chef de l'insurrection a disparu au début de l'insurrection. Parmi les autres chefs militaires, seuls Queipo et Mola ont une autorité comparable à celle de Franco.
Queipo, le dictateur du Sud, n'a pas cependant l'envergure d'un chef politique. Il manque du sens des nuances et de prudence dans ses opinions. Avant la guerre civile, il s'est compromis par son attitude de chef « républicain » et « franc-maçon » et le gouvernement républicain a pu songer à lui confier la répression du mouvement insurrectionnel. Plus tard, surnommé le « général social » parce qu'il fait bâtir pendant la guerre des cités ouvrières, il se fait une popularité d'assez mauvais aloi par ses rodomontades radiophoniques et ses excès de langage. Mais son succès inattendu pendant les premières semaines du soulèvement et le rôle décisif qu'a joué Séville dans la suite des opérations en ont fait un des dirigeants du Movimiento. Par la suite, son rôle politique ne cessera de décroître, et, après la prise de Malaga, succès plus italien qu'espagnol, il n'aura plus jamais la possibilité de lancer une opération militaire importante.
Emilio Mola a, par son passé et par sa valeur, beaucoup plus de prestige. Jusqu'à sa mort dans un accident d'avion, pendant la campagne du Nord, il est le seul chef militaire doté d'une grande autorité, ayant sur la conduite de la guerre et sur la politique des idées personnelles qui l'opposent souvent à Franco; selon celui-ci, il est trop entêté pour se soumettre à une autre volonté. Son influence dans la zone Nord, fief des requetes, fait de lui le point de convergence des intrigues monarchistes. Aussi, après sa mort, pour bien montrer que personne ne prendra la place du chef disparu, Franco tiendra-t-il à exercer personnellement la direction des opérations sur le front Nord et Davila, qui a le commandement effectif, restera toujours un sous-ordre.
Les chefs politiques du soulèvement ont également disparu ou se sont montrés incapables d'imposer leurs vues. Le monarchiste Calvo Sotelo est mort dans les conditions que l'on sait. Des autres chefs monarchistes, Gil Robles parait timoré et sans forces devant la violence des événements, auxquels il n'a d'ailleurs pas pris une part active. Manuel Fal Gonde, le chef de la « Communauté traditionaliste », est trop marqué politiquement pour espérer faire l'union autour de son parti. Les premiers dirigeants de la Phalange ont également disparu : Jose Antonio Primo de Rivera, qui a été fusillé à Alicante, reste pour ses partisans l' « Absent» - l'Ausente - ce qui est une manière de le considérer comme irremplaçable. L'aviateur Ruiz de Alda est mort également. Onesimo Redondo a été tué dans les premiers combats. Fernandez Cuesta est dans une prison républicaine. Il ne reste pour diriger la Phalange que des « seconds plans », comme Manuel Hedilla, qui préside la Junte provisoire, ou le secrétaire, Francisco Bravo ; l'un et l'autre sont des Camisas viejas, d'anciens militants, par opposition aux milliers de gens qui se sont révélés phalangistes entre février et juillet 36, pour y trouver un cadre d'action contre la gauche, ou, au lendemain de l'insurrection, pour obtenir ce précieux sauf-conduit qu'est la carte du Parti.
S'ils n'ont pas de chefs capables de s'imposer, les phalangistes constituent, comme les requetes, et souvent contre eux, une des forces dynamiques du Movimiento. L'union des deux groupes est évidemment difficile à réaliser et nécessite, pour durer victorieusement dans une guerre longue, la présence d'un arbitre politique; de même la rivalité entre les chefs militaires doit-elle faire place à un commandement militaire unique.
Cet arbitre, qui s'impose vite comme un chef autoritaire et obéi, c'est le général Franco. Cela s'est fait progressivement de juillet 36 à juin 37.
Le 1° octobre 1936, après la fonction des forces du Nord et du Sud, Franco devient généralissime et chef d'Etal. Ces pouvoirs lui ont été confiés par les autres chefs militaires, après une réunion tenue à Salamanque le 29 septembre 36 [2]. Sans doute, ne s'agit-il que d'un pouvoir limité et provisoire, qui sera étendu au début de l'année 37, après l'échec devant Madrid. Mais l'autorité qui lui est conférée dès octobre 36 est politique autant que militaire : « Je vous confie », dit Cabanellas, lors de la cérémonie officielle de transmission des compétences, « les pouvoirs absolus de l'État. »
Le système qui fonctionne alors en Espagne nationaliste reste un système provisoire. Il répond aux impératifs du moment. Il est utile, parce qu'il réserve les problèmes qui pourraient être cause de division et qu'il permet aux énergies des dirigeants et des troupes de se consacrer entièrement à la tâche primordiale qu'est la conduite de la guerre. Il est nécessaire, parce que les fonctionnaires et les techniciens permettant d'assurer la bonne marche d'un appareil gouvernemental sont trop peu nombreux; certains d'entre eux sont restés fidèles au gouvernement républicain, beaucoup sont destitués, condamnés ou simplement suspects ; seul le corps diplomatique est en majorité favorable à l'insurrection. Un nombre considérable d'officiers occupent des postes de fonctionnaires.
Ce système politique doit normalement prendre fin lors de l'entrée des troupes nationalistes à Madrid. La capitale provisoire est Burgos ; mais Franco réside le plus souvent à Salamanque, où l'État-major a son siège. C'est également à Salamanque que s'installe le frère aîné du généralissime et l'homme fort du nouveau régime, Nicolas Franco, avec le titre de secrétaire général du chef de l'État. Ses attributions comportent l'Economie de guerre, l'Ordre public et aussi les Relations extérieures. C'est donc un personnage très puissant [3]. Le généralissime ne peut en effet à cette époque que superviser les questions politiques, étant lui-même absorbé par la direction des opérations militaires. Du moins s'assure-t-il de ne partager le pouvoir qu'avec des hommes sûrs.
Le troisième homme du gouvernement provisoire est le général Sangroniz, chef de cabinet du généralissime. Sangroniz est un fidèle de Franco, dès la première heure; c'est lui qui assurait, pour le compte du général, les liaisons entre les Canaries et l'Espagne [4].
A ces deux organismes de secrétariat général et cabinet du généralissime se sont ajoutés de nouveaux services créés avant la fin de l'année 36. C'est l'ébauche des futurs ministères du gouvernement nationaliste : le secrétariat aux Affaires étrangères, d'abord exercé par l'ancien ministre d'Espagne à Vienne, Francisco Serrat, le secrétariat à la Guerre, confié au général Gil Yuste, la charge de gouverneur général attribuée à un autre militaire, le général Francisco Fermoso, dont les fonctions sont du reste aussi larges que vagues : gestion administrative des provinces, nominations et relations avec les députations provinciales.
Les services de Sûreté publique s'installent à Valladolid; un office de presse et de propagande fonctionne à Salamanque ; il est dirigé par Millan Astray, le fondateur du Tercio, et reste en rapports étroits avec les services du secrétariat général ; il est d'ailleurs aussi bien destiné à « orienter» la presse nationaliste qu'à « informer» les correspondants de presse étrangers visitant l'Espagne nationaliste.
Enfin, au côté de ces organismes essentiels du nouveau régime franquiste, se sont installés les services de la Junte technique, dont le rôle sera de préparer les décrets soumis à la signature du chef du gouvernement. La Junte comprend sept commissions : Finances - Justice -Industrie, Commerce et Ravitaillement - Agriculture - Travail - Enseignement - Travaux publics et Communications.
Dans le cadre de la Junte technique sont placés les bureaux et les offices, qui doivent, en système totalitaire, contrôler l'ensemble des activités du pays, et faire fonctionner une économie de guerre. Tâche difficile, dont la direction incombe au général Davila. Ce dernier est, comme Sangroniz, un des officiers qui jouissent de toute la confiance du généralissime. Bien qu'il joue les « seconds plans », son rôle est considérable. En même temps qu'il préside les travaux de la Junte, il est le chef de l'état-major de l'Armée.
Franco exerce par conséquent le pouvoir directement ou par l'intermédiaire de ses amis. Mais il semble qu'il n'ait pas encore fait en octobre-novembre de choix concernant l'avenir. Le programme du gouvernement provisoire, qui devrait refléter ses tendances politiques, ne laisse apparaître aucune idée originale. C'est un compromis entre les idées de Fal Conde et les théories du Phalangisme.
Du Traditionalisme ont été retenus l'établissement d'un gouvernement à caractère totalitaire, la possibilité d'une restauration monarchique, et surtout l'idée de l'unité nationale, qui sera un des thèmes constants de la propagande franquiste et des discours de Franco : « La guerre d'Espagne, déclare-t-il, c'est la lutte de l'Unité contre la Sécession. »
Du programme de la Phalange, se dégagent certains principes, celui du travail obligatoire (« Le nouvel État ne peut admettre de citoyens parasites »), mais garanti et protégé contre « les abus du capitalisme », celui de la juste rémunération du travail, enfin la possibilité d'une participation aux bénéfices.
En empruntant ainsi à tous, Franco donne l'impression d'avoir seulement cherché à l'époque à jouer le rôle d'arbitre indispensable. La victoire rapide attendue par les nationalistes aurait sans doute posé très vite et très brutalement le problème de l'orientation à donner au régime. L'échec devant Madrid transforme entièrement la question. Il est nécessaire de maintenir un pouvoir fort, devant une situation militaire encore incertaine, d'éviter les querelles intérieures et, par suite, d'ajourner le choix pour ou contre la monarchie. Le statu quo provisoire ne suffit plus. Il faut, selon l'expression de Suñer [5], « donner au mouvement le caractère et la figure d'un État ». Franco n'est plus seulement le « généralissime », il devient le chef inspiré du Movimiento, le Caudillo [6].
Ainsi s'achève une première évolution politique; celui qui n'était qu'un des principaux chefs du Movimiento est devenu le chef militaire suprême. Le général Franco ne va pas tarder à se transformer en maître et en sauveur.
Il n'a pourtant pas grand prestige physique, ce petit homme trapu, « gras, pimpant, présomptueux », au visage arrondi, à la moustache noire; sa silhouette courte, à l'embonpoint précoce, contraste sur les photos avec celles de Mola et de Kindelan. Mais ce manque de prestance ne l'a pas empêché de faire une carrière militaire extrêmement brillante, capitaine à 21 ans, général à 32 ans. C'est exceptionnel, même dans l'armée espagnole.
Né le 3 décembre 1892, Francisco Franco Bahamonde [7] est le deuxième enfant de Nicolas Franco, commissaire de la Marine au Ferrol [8]. Ses études, au Sacré-Cœur du Ferrol, puis au collège de la Marine, le destinent connue son père et son grand-père maternel à une carrière maritime. C'est un hasard qui l'en a détourné, la suppression des admissions à l'Ecole navale. Francisco devient élève-officier d'infanterie à l'Ecole de Tolède. Il en sort sous-lieutenant en 1910, mais sa véritable carrière commencera après deux ans de garnison, lorsqu'il sera envoyé au Maroc pour prendre part à la bataille qui se déroule autour des anciens « Présides » [9], Melilla, Ceuta et Larache. Dans les combats difficiles et peu glorieux du début, les pertes sont nombreuses, et il est un des rares à rester indemne après quatre ans de guerre. Il sera blessé en 1916 ; à cette époque, il est déjà chef de bataillon. Après une longue interruption, il revient au Maroc et se fait affecter à la Légion espagnole, qu'organise alors Millan Astray. Sa réputation de chef militaire et d'organisateur est née à la suite de la part prise aux combats du Tercio de 1920 à 1924. Ses biographes lui donnent le premier rôle dans le débarquement d'Alhucemas, qui, au lendemain d'une série d'échecs, redonne courage à l'armée d'Afrique. Il est couvert d'honneurs, devient le plus jeune général de l'armée, le successeur de Millan Astray à la tête de la Légion. Enfin, à son retour en Espagne, on lui confie la direction de l'Ecole militaire générale, qui vient d'être fondée à Saragosse.
Il se trouve donc un des plus en vue parmi les chefs militaires quand survient la révolution de 1931. La suite de son histoire se confond avec celle de la République. Il est tantôt éloigné, tantôt placé au sommet des honneurs. Il est certain qu'il a longuement hésité avant d'entrer dans le complot contre le gouvernement républicain. Il a effectué des démarches auprès de Pozas, puis d'Azaña, entre février et juillet 36, pour leur demander de briser la révolution. Cela peut être considéré comme une manifestation de son hostilité à la gauche révolutionnaire; mais c'est aussi la preuve qu'il a voulu donner à la République une chance - quitte à la combattre ensuite avec acharnement et jusqu'à sa défaite totale.
Car si Franco est prudent et lent dans ses décisions, il les maintient ensuite avec une volonté et même un entêtement qui constituent un des traits saillants de son caractère. Il possède à coup sûr des qualités exceptionnelles, une intelligence réelle, une profonde astuce, qui font de lui un politique autant et plus qu'un militaire. Il sait parfaitement dissimuler sa pensée. Il est calme, discret, peu loquace, ce qui semble peu conforme au tempérament espagnol (mais il faut se rappeler qu'il est galicien). Il sait admirablement profiter des occasions qui lui sont données.
Bien des hasards heureux sont intervenus dans la vie du général Franco. Son entrée dans l'armée de terre, la guerre du Rif, la disparition des premiers chefs du soulèvement sont autant d'éléments qui expliquent la grande confiance en soi que les observateurs s'accordent à lui reconnaître. Mais Francisco Franco est aussi un officier profondément catholique. Son éducation, les influences exercées sur lui par un entourage monarchiste, son respect pour la religion établie, l'ont certainement éloigné du fascisme proprement dit. Franco est un conservateur de tradition militaire et catholique. La place qu'il a été amené à occuper a ancré en lui l'idée qu'il a été désigné par Dieu pour sauver l'Espagne de l'anarchie, de l'athéisme, de la Révolution sous toutes ses formes. Longtemps considéré comme royaliste [10], bien qu'il ait accepté d'être un haut fonctionnaire du régime républicain, élevé dans une tradition charismatique, il se sent désigné, sinon sacré. Réaliste d'ailleurs, il ne croit pas à la possibilité de rétablir immédiatement la monarchie sous sa forme traditionnelle, ce qui diviserait les partisans du Movimiento. Il est également réaliste de refuser, comme il le fait, tout compromis avec les « Rouges », car le fossé creusé entre les deux partis ne saurait être comblé par une négociation.
En somme, la guerre lui donne l'occasion de mettre en valeur ses qualités politiques; calme et temporisateur, il n'est pas l'homme des éclats, ni des coups de génie; mais après la déconvenue de Madrid, il a su s'adapter à une guerre longue.
Pour mener et pour gagner cette guerre, il dispose de nombreux atouts. D'abord, par les territoires qu'il contrôle: le gouvernement nationaliste est beaucoup plus favorisé que le gouvernement républicain; les ressources de ces régions se complètent, les troupeaux de l'Estrémadure et l'agriculture des grandes propriétés andalouses, le blé de Castille et les légumes de Galice. Par contre les grandes villes de population très dense, qu'il faut ravitailler, se trouvent du côté républicain. Financièrement, à défaut des ressources de la Banque d'Espagne, Franco dispose des richesses de ses partisans, des capitaux évadés de la zone républicaine et d'appuis étrangers considérables, dont Juan March représente les intérêts. D'autre part, l'exploitation des mines du Maroc et du Rio Tinto, occupées par les rebelles dès le début du Movimiento, et, à partir d'août 1937, le contrôle pratique du Pays basque et de la région de Santander assurent une monnaie d'échange indispensable à une économie stable. Aussi la zone nationaliste ne connaît-elle pas de crise économique sérieuse.
Mais le général Franco doit résoudre les contradictions profondes qui divisent les forces politiques sur lesquelles il s'appuie. Pour que son autorité absolue ne reste pas seulement nominale, il doit concilier les tendances conservatrices des « traditionalistes » et les idées phalangistes, qui veulent un bouleversement total de l'État.
Pour ce faire, il dispose d'un moyen radical : la création d'un parti unique, dont il sera le chef incontesté, à l'imitation de ce qui s'est passé en Allemagne et en Italie. La tâche est difficile. Les monarchistes ont une solide organisation politique. Leurs divisions se sont effacées dans l'action, et la part prépondérante prise dans l'insurrection par la Communauté traditionaliste lui a permis d'absorber une grande partie des forces de l'Action populaire. Solidement représentée en Castille, elle domine largement en Navarre et en Aragon, bastions du soulèvement. Ses chefs disposent à l'étranger d'aides et d'amitiés sérieuses. Devant la prolongation du conflit, ils n'hésitent plus à montrer leurs sentiments; ils manifestent au mois de février à Saint-Sébastien, et Fal Conde prend publiquement position pour une restauration immédiate de la royauté. Franco considère la menace comme assez grave. Il se demande s'il ne convient pas de « faire fusiller Fal Conde pour crime de haute trahison » [11]. En tout cas, le chef carliste est obligé de gagner le Portugal.
La Phalange est devenue, elle aussi, une force politique de premier ordre. Elle a rallié un grand nombre de gens, séduits par son dynamisme ou qui ont vu en elle une force de progrès, face au conservatisme des requetes. Les phalangistes, souvent d'origine républicaine et syndicaliste, exigent que soit posé et résolu « le problème social ». Ils disposent de forces militaires appréciables, organisées en milices en Castille, en Estrémadure et en Andalousie. A défaut d'un appui direct, ils bénéficient de la sympathie des alliés italien et allemand du gouvernement de Burgos. Mais la Phalange reste un parti sans chef de valeur.
Du reste, les partis politiques en présence ne sont pas seuls à jouer un rôle. Franco sait utiliser en la plaçant au premier rang la puissance de l'armée. Sans doute les chefs militaires ne sont-ils pas toujours d'accord avec lui, et il s'est trouvé des opposants pour souhaiter ouvertement un gouvernement dirigé par Mola ; sans doute la plupart des officiers n'ont-ils pas une conception politique très arrêtée et se contentent-ils de manifester leur désir de soutenir un gouvernement autoritaire. Mais l'Armée existe comme force politique et elle n'est pas disposée à « se voir reléguée dans ses attributions militaires ». Elle représente une puissance sur laquelle le généralissime peut s'appuyer.
Le principe du « parti unique» et les réformes qui en découlent sont depuis longtemps admis par Franco. Leur application a été retardée d'abord par le désir du Caudillo d'obtenir le consentement de tous par la négociation. Il s'agit de ne pas brusquer l'opinion. La préparation d'un projet de décret est annoncée dès le début février 1937. Le plus facile a été d'obtenir la dissolution des anciens partis de droite, qui avaient d'ailleurs énormément perdu de leur influence. L'Action populaire de Gil Robles va disparaître avant le 10 février; quelques jours après, Robles, qui n'a plus joué aucun rôle depuis le début de l'insurrection, confirme qu'il renonce à toute action politique. En même temps, Goicoechea annonce que l'autre parti monarchiste, celui de la Rénovation nationale, va disparaître à son tour. Ces déclarations encourageantes ne suffisent cependant pas à établir l'unité désirée. Aucune entente entre Phalange et traditionalistes ne peut être obtenue par la négociation. Il faut donc imposer des réformes.
Reste à trouver un prétexte. Celui qu'on invoquera est un incident entre groupes phalangistes rivaux à Salamanque. Comme l'affirme le décret, « les petites discordes à l'intérieur des organisations, ressuscitant les vieilles intrigues politiques, risquent de décomposer les organisations et les forces ». Le décret sur le parti unique du 19 avril 37 se présente comme une œuvre de paix. Franco a longuement étudié le texte de cette ordonnance. Selon Serrano Suñer, qui dit avoir rédigé définitivement le texte, Franco a particulièrement travaillé et annoté les statuts de la Phalange, a cherché à établir des rapports entre les discours du traditionaliste. Pradera et ceux de José Antonio. Il soumet enfin le décret à l'approbation de Queipo et de Mola. Tous deux acceptent le texte sans aucune réserve. La seule objection de Mola est d'ordre grammatical. Queipo a cependant demandé qu'on retarde d'un mois sa publication, sous prétexte d'attendre la chute de Madrid.
« Il est urgent», dit le préambule de l'édit d'unification, « d'accomplir la grande tâche de la paix, cristallisant dans l'État Nouveau la pensée et le style de notre Révolution. » Cette phrase situe à elle seule l'importance du texte. Sans doute y voit-on d'abord la création du Parti unique: « Il est indispensable que chacun efface de son cœur ses divergences personnelles » [12]. Il est également facile d'y retrouver les principes déjà énoncés, hérités des requetes et de la Phalange. Mais le décret souligne aussi les raisons qui rendent nécessaire sa promulgation: les partis politiques « s'usent dans des luttes stériles » ; en agissant ainsi, les chefs trahissent les masses de leurs adhérents « qui sont mus par un pur idéal ». Il convient donc de sauvegarder cet idéal, accepté par tous et proclamé par l'État. Le Parti nouveau doit être un lien entre l'État et la société, « garantie de vive adhésion du peuple à l'État », un lien entre les forces traditionnelles et les forces neuves [13] ; « La Phalange apporte avec son programme des masses jeunes, une propagande de style nouveau, une forme politique et héroïque du temps présent; les requetes ont apporté le dépôt sacré de la Tradition espagnole, tenacement conservé, avec sa spiritualité catholique». L'idée profonde apparaît ici, la volonté de créer non seulement un véritable parti, c'est-à-dire une organisation politique utilisable pour le gouvernement, mais une hermandad, une société fraternelle, telle que la tradition espagnole pourrait la susciter, sur le modèle des organisations moitié laïques, moitié religieuses créées par les rois catholiques. Relier le présent au passé, ressusciter la gloire de l'Espagne sous une « forme neuve», telle est la tâche de la « Croisade », au moins dans l'immédiat. Car le Caudillo se refuse à être prisonnier de ses propres décisions et envisage dès ce moment la possibilité de modifier l'édit : « Ce ne sera pas une chose rigide, mais sujette à un travail de révision et d'amélioration ».
Le décret proprement dit comporte trois articles :
« Article premier : La Phalange espagnole et les requetes, avec leurs services et leurs éléments actuels, s'intègrent, sous mon commandement, en une seule autorité politique de caractère national, qui se nommera Falange española tradicionalista y de los J.O.N.S. Cette organisation, intermédiaire entre la Société et l'État, a pour mission principale de communiquer à l'État le sentiment du peuple et de donner à celui-ci la pensée de l'État, à travers les vertus politico-morales de service, de hiérarchie et de fraternité. Sont de droit affiliés à la nouvelle organisation tous ceux qui, au jour de la publication de ce décret, possèdent la carte de la Phalange ou de la Communion traditionaliste, et pourraient l'être tous les Espagnols qui le sollicitent. »
Cet article donne en apparence satisfaction à la Phalange, en introduisant l'idée d'une morale politique et surtout en maintenant pour désigner le nouveau parti l'essentiel de la dénomination phalangiste. Franco avait d'ailleurs laissé entendre, avant le 19 avril, que la Phalange « serait le fondement du Parti unique ». Mais les deux articles suivants montrent le véritable sens du décret, qui est destiné à museler toute opposition et à détruire toute possibilité d'action militaire ou de simple coup de force de la part des mécontents :
« Article Il : Seront organes directeurs du nouvel ensemble politico-national le chef de l'État, un secrétariat ou une Junte politique et le Conseil national. Le secrétariat ou Junte correspond à l'établissement de la constitution interne de l'ensemble, pour la réussite de son but principal : aider son chef dans la préparation de la structure organique et fonctionnelle de l'État, et, collaborer, en tout cas, à l'action du gouvernement. La moitié de ses membres sera désignée par le chef de l'État, et l'autre moitié élue par le Conseil national. Le Conseil national connaîtra des grands problèmes nationaux que le chef, de l'État lui soumet dans les termes qui seront établis d'après des dispositions ultérieures. »
« Article III: Sont fondues en une seule Milice nationale celles de la Phalange et des requetes, conservant leurs emblèmes et leurs signes extérieurs; la Milice nationale est l'auxiliaire de l'armée. Le chef de l'État est le chef suprême de la Milice, le chef direct sera un général de l'armée ... »
Si le général Franco laisse ainsi subsister les signes et les symboles, il a soin de les vider de leur sens réel. Conciliateur et diplomate, il est toujours prêt à des concessions de façade. Ainsi, pour mieux se concilier des requetes, il fera mettre dans les nouvelles armes de l'Espagne l'ancien insigne de Navarre; il fait aussi garder l'entrée de son quartier-général par des requetes. En fait, les deux derniers articles du décret du 19 avril sont un pas décisif dans la voie de l'établissement d'un nouveau régime. Le second consacre l'autorité politique du Caudillo, qui prépare, et par conséquent peut toujours modifier la structure de l'État; il nomme la majorité des dirigeants du Parti unique. Tous les membres du premier Conseil national seront désignés directement par lui. L'article III achève de lui donner une autorité militaire totale en faisant de lui le chef unique de la Milice nationale, que l'on s'est bien gardé de confondre avec l'armée régulière et qui lui est soumise. Le nouveau parti ainsi constitué doit donc être l'instrument de gouvernement dont se servira Francisco Franco chef de l'État, chef du gouvernement, chef national du Movimiento, généralissime; son autorité est affirmée avec la plus grande vigueur dans tous les domaines.
Mais il convient d'assurer dans la pratique cette autorité et l'organisation du nouvel État. Pour que puisse fonctionner normalement le système politique ainsi établi, il était nécessaire, non seulement de donner l'idée de l'Unité nationale mais aussi de réaliser cette unité et de briser les oppositions. Toutes ces mesures sont prises dans un but apparent de conciliation. La formation du conseil national de la Phalange témoigne de cette habile Justice distributive, qui vise à maintenir autour de la personne du Caudillo une réelle unité des éléments politiques ayant participé au Movimiento. Le Conseil est composé, selon un dosage savant, d'anciens phalangistes comme Fernandez Cuesta et Agustín Aznar, de monarchistes comme Esteban Bilbao ou Fal Conde, qui fait ainsi sa rentrée politique, mais aussi de militaires comme Francisco Gomez Jordana et d'hommes de confiance, parmi lesquels Serrano Suñer.
Le danger est évidemment de mécontenter tous ceux qui, dans les deux partis, craignent avec raison qu'il soit impossible de trouver un terrain d'entente. Si l'appui catholique et l'habileté du Caudillo ont réduit au minimum les réactions monarchistes, Il n'en a pas été de même du côté phalangiste.
L'entrée possible, dans la junte du Parti, de personnages nettement hostiles au programme révolutionnaire de la Phalange, d'amis personnels du général Franco, inquiétant les Camisas viejas. Encore plus dangereux parait à certains d'entre eux le pouvoir suprême accordé à Franco, dont le passé, l'éducation et les amitiés sont très suspects. Attendre dans ces conditions la fin de la guerre pour faire triompher l'idéal de la Phalange est bien risqué. Le mécontentement de ces phalangistes ne va pas tarder à se manifester : c'est le complot Hedilla.
Manuel Hedilla assume la direction de la Phalange au titre de secrétaire général. Il a été un des proches collaborateurs de José Antonio. Son passé de travailleur manuel - c'est un ancien docker - est la garantie de son « attitude sociale ». Mais il n'a aucune formation politique. Hughes le dit « grossier, brutal, intempérant ». Le complot qu'il organise, autant qu'il puisse être connu, parait simpliste et même naïf : préparer des manifestations dans tout le pays pour montrer, le mécontentement de la Phalange, encercler le quartier-général de Franco pour le prendre d'assaut, enfin proclamer une Junte politique révolutionnaire composée par Hedilla et ses amis.. Cette Junte aurait compris, d'après Suñer la sœur de l'ancien chef de la Phalange, Pilar Primo de Rivera, le général Yagüe, dont les sympathies pour la Phalange étaient connues depuis longtemps, Dionisio Ridruejo, José Sainz, etc ... Nous en sommes d'ailleurs réduits aux suppositions pour tout ce qui concerne les détails de cette affaire: les pièces du procès n'ont jamais été communiquées; on connaît seulement les chefs d'accusation lancés contre les phalangistes arrêtés. Le plus grave est à coup sûr la tentative de révolte militaire. Peut-être a-t-on volontairement exagéré du côté franquiste l'importance de ces actions. Suñer accuse nommément le commandant Doval, responsable de l'Ordre public au quartier-général de Salamanque, d'avoir recherché le sensationnel. Il semble en tout cas que ce complot ait été très maladroitement mis à exécution. Hedilla accumule les imprudences: émissaires envoyés dans les provinces, télégramme chiffré adressé aux délégations provinciales pour les inciter à la résistance contre le décret sur le Parti unique, ordres transmis par le chef provincial de Zamora aux chefs locaux, tout cela justifie largement son arrestation et son procès. Il est évident que le nombre d'arrestations a été considérable, que des mesures comme celle, même temporaire, qui interdit aux phalangistes l'entrée dans Salamanque, tendent à démontrer publiquement que le nouveau régime ne reculera devant aucune décision, si grave soit-elle, pour imposer sa volonté.
Mais qu'y avait-il en réalité derrière le complot? Il est difficile de croire que le gouvernement de Franco ait été sérieusement menacé par cet illettré sans envergure, dont Franco souligne complaisamment à l'ambassadeur Faupel qu' « il n'était nullement à la hauteur des capacités exigées d'un chef de la Phalange. » Dans la même conversation, le Caudillo avait fait allusion à « un essaim de jeunes gens ambitieux, qui exerçaient sur lui leur influence » - sans donner d'ailleurs de précision supplémentaire. Il est certain qu'Hedilla a été poussé par d'autres, dont il n'est que le prête-nom. Il est curieux à cet égard de noter qu'une hostilité permanente se maintiendra contre le régime dans l'entourage de Pilar Primo de Rivera. Cette femme, qui veut incarner l'esprit de la Phalange après la mort de son frère, semble être au centre de l'opposition des Camisae vie jas contre le gouvernement Franco [14]. Mais son nom la protège des mesures policières.
En grossissant volontairement et en réprimant avec dureté un complot maladroit, Franco a sans doute voulu impressionner des opposants plus dangereux qu'Hedilla. Les « jeunes gens », dont parle le généralissime, ont reçu des encouragements de l'extérieur. La sympathie que la Phalange a toujours rencontrée à Rome et à Berlin s'est accentuée depuis l'arrivée des ambassadeurs des puissances de l'Axe. Si le premier ambassadeur italien, Cantalupo, dont la mission est d'ailleurs extrêmement brève, ne s'est pas intéressé de trop près à la politique intérieure de la zone nationaliste, il n'en est pas de même pour son successeur, le comte Viola, et pour le représentant allemand: Wilhelm Von Faupel manifeste ostensiblement son amitié aux Camisas vie jas ; il était certainement au courant du complot et a peut-être fourni des armes aux conjurés. Franco plaisante-il quand il propose à Faupel d'envoyer Hedilla « pour quelques mois en Allemagne et en Italie, afin qu'il y apprenne quelque chose et qu'il puisse par la suite utiliser ses expériences pour travailler au relèvement du pays» [15] ?
En fait, Hedilla connaît rapidement l'issue de son procès : la culpabilité des accusés est entièrement reconnue. Quatre condamnations à mort sont prononcées, dont celle de l'ancien chef de la Phalange [16]. De l'avis de Suñer, qui ne pèche généralement pas par excès de générosité, les sentences sont très sévères. L'ambassadeur allemand, craignant sans doute d'être considéré comme responsable de la situation, a cherché à sauver la vie d'Hedilla. Il demande à son gouvernement des instructions sur l'attitude qu'il doit adopter dans cette affaire, mais en suggérant une intervention directe, un appel à la clémence. Faupel propose même que soit communiquée au généralissime une observation selon laquelle « l'exécution d'HediIla et de ses compagnons, au moment actuel, est une mesure qui semble critiquable pour des raisons politiques et sociales ». Nous ne savons ce que la Wilhelmstrasse a répondu à ce sujet à son ambassadeur, ni s'il y eut aussi, ce qui est probable, une démarche italienne en faveur d'Hedilla, mais la peine des condamnés à mort fut commuée en prison à vie [17]. Une telle grâce ne saurait affaiblir, bien au contraire, la position du général Franco. La nécessité de sauvegarder l'unité nationale dans le combat lui assure du reste bon nombre d'appuis. Il prétendra avoir reçu le 5 mai « soixante mille télégrammes de félicitations et d'approbation » …
Malgré cet optimisme officiel, il est certain que l'esprit d'opposition a survécu dans nombre de milieux phalangistes ; nous le voyons surgir par moments et se manifester d'autant plus brutalement que toute forme d'hostilité au régime est étouffée par une répression continue. L'incident le plus typique à cet égard est le discours prononcé le 19 avril 38 à Burgos par le général Yagüe. Yagüe est un des plus populaires parmi les chefs militaires nationalistes; la part considérable qu'il a prise à la guerre depuis l'insurrection du Maroc, sa réputation de chef « social », ses amitiés personnelles avec des Camisas vie jas ont fait de lui « le général de la Phalange », ce qui explique que son nom ait été prononcé dans le complot d'Hedilla. Les critiques qu'il émet dans son discours de Burgos semblent être l'écho de la désillusion phalangiste à la suite des mesures de conservation sociale prises par le gouvernement nationaliste: il est nécessaire, dit Yagüe, de faire quelques réformes sociales; il faut donner à la justice une véritable honnêteté et supprimer son caractère partial. La portée de ces reproches est à vrai dire limitée et l'incident n'aura pas de suite grave. Certes, des sanctions ont été prises contre Yagüe, mais, bien qu'il ait été relevé de son commandement, il ne tarde pas à rentrer en grâce et à recevoir une autre affectation.
Beaucoup plus sérieux a été le complot organisé par Velez et Aznar. Si les condamnations prononcées contre eux sont relativement peu sévères [18], c'est que le régime est maintenant solide, et qu'il n'est pas nécessaire de frapper aussi fort qu'au moment du complot Hedilla. Au contraire, ce serait risquer d'entraîner à présent dans l'opposition une partie des anciens de la Phalange, et Franco est trop diplomate pour agir de la sorte. Le rôle important joué dans la Phalange par les deux hommes compromis dans le nouveau complot faisait en effet d'eux des personnalités du Movimiento. Velez est certainement le plus engagé. Ancien membre de la section marocaine de la Phalange, conseiller national comme Aznar, il semble avoir réellement cherché les sympathies de quelques chefs militaires pour une action de force. Agustín Aznar, plus prudent, s'est contenté de s'opposer par la parole à l'orientation du nouveau régime; ancien compagnon de José Antonio, ami de Fernandez Cuesta, qui ne devait pas le suivre dans cette voie, Aznar veut représenter « le pur Phalangisme », l'intransigeance doctrinale. Chef des Milices phalangistes avant la guerre, ce qui l'avait amené à prendre la responsabilité des attaques à main armée dans Madrid entre février et juillet 36, il a été nommé ensuite inspecteur général des Milices.
En réalité, pour les phalangistes, l'adversaire n'est pas Franco, mais les forces conservatrices, 1'Église et les monarchistes. Les oppositions vont parfois tourner en bagarres. Stôhrer signale [19] au début de novembre 38 des escarmouches à Séville « entre la Phalange et le clergé ». Les phalangistes identifient d'ailleurs l'Église et la réaction monarchique. Aussi sont-ils également hostiles à toute tentative de restauration.
Nombre de monarchistes ont considéré après la guerre que Franco les avait bluffés; Ansaldo témoigne de l'espoir constant d'une restauration. A vrai dire, le généralissime n'a jamais pris d'engagement, vis-à-vis des requetes, et Mola lui-même avait refusé de décider par avance du régime que le Movimiento imposerait à l'Espagne. Beaucoup de royalistes ont servi loyalement l'État nouveau et lui ont même rendu des services considérables: ainsi Antonio Goicoechea devient un dignitaire du système franquiste et le duc d'Albe est un efficace ambassadeur à Londres. Bien que tenus par la discipline, les généraux Ponte et Kindelan ne cachent pas qu'ils sont favorables à une restauration. Il ne se passe pas de mois sans que ne soit envisagé le retour éventuel à la monarchie: on a même songé à le rendre plus facile en remplaçant Alphonse XIII par son fils Don Juan. Franco ne s'est jamais opposé directement à ces manœuvres. Il se contente de les écarter, en soulignant qu'il ne faut plus diviser l'Espagne et qu'il doit sauvegarder d'abord l'unité du Movimiento, garante de l'unité de la nation.
L'organisation du parti unique lui donne un moyen de contrôle et d'action sur toutes les activités de l'Espagne. C'est la démarche décisive vers la réalisation du nouvel État espagnol, de structure dictatoriale. Mais il faut attendre les premiers jours de l'année 38 pour que se constitue un gouvernement.
Entre-temps, deux faits importants se sont produits, qui ont encore contribué à renforcer la position du Caudillo: le premier est la victoire décisive remportée dans le Nord, le deuxième, le ralliement officiel du clergé et l'appui sans réserve qu'il apporte au nouveau régime.
Sans doute, dès le début de la guerre, la majeure partie des prêtres a pris position, souvent de manière active et même violente, en faveur de la rébellion. Mais la hiérarchie catholique, tout en manifestant sa sympathie, s'est refusée à apporter une caution officielle à un mouvement de révolte; l'incertitude des premiers jours, le souci de ne pas rompre l'unité de l'Église, une grande partie du clergé basque restant fidèle au gouvernement, expliquent cette attitude d'expectative. L'évolution de la situation au cours de l'année 1937 va mener à un changement radical de cette position. Les raisons en paraissent simples : la prolongation de la guerre, dont l'issue parait toujours plus lointaine, oblige à officialiser un choix qui se manifeste déjà dans les actes; les succès remportés par les nationalistes ont amélioré la position diplomatique du gouvernement de Burgos et l'établissement de relations avec le Vatican est dans la logique des choses; enfin la campagne de Biscaye règle le problème posé par l'existence d'une minorité catholique dans le camp républicain. Aussi, le 7 octobre 37, le nonce Antoniutti présentera-t-il au général Franco ses lettres de créance. Quelques mois auparavant, une prise de position de la majorité des prélats espagnols a déjà annoncé ce geste. Les constantes références des nationalistes à la tradition catholique et à l'œuvre des rois catholiques, l'influence personnelle de certains évêques, notamment du cardinal-archevêque de Tolède, Goma y Tomas, ont fortement contribué à incliner la hiérarchie ecclésiastique dans ce sens.
Le 1° juillet 37 est publiée la « Lettre collective des évêques espagnols ». Elle dissipe à cet égard toute équivoque. Signé par 43 évêques et 5 vicaires capitulaires, avec, en tête, le cardinal Goma et le cardinal Ilundain, archevêque de Séville, ce texte doit son importance, non seulement au fait qu'il est une explication de l'attitude du clergé et des catholiques espagnols, mais surtout au fait qu'il reste un des seuls qui tentent de justifier le Movimiento de façon rationnelle et intelligente.
La Lettre des évêques prétend en effet d'abord justifier la position de l'Église en justifiant la guerre. Si, en des pays étrangers, et plus spécialement dans certains milieux catholiques français, on s'est indigné des persécutions relieuses en zone républicaine, une inquiétude visible se dégage aussi devant l'attitude très « active » de nombreux prêtres espagnols dans le conflit. Aussi les évêques déclarent-ils de façon péremptoire que « l'Église n'a pas voulu la guerre ». Elle ne l'a pas voulu, mais elle l'accepte, car elle y a été contrainte. Le recours à la force, dans ces conditions, est légitime [20] :
- Il y a eu menace sur l'existence du bien commun; d'abord menace contre la Patrie, car l'orientation donnée à la politique par le Front populaire est, tout, à fait, « contraire à la nature et aux besoins de l'esprit national ». Menaces également contre l'esprit religieux; ainsi les lois laïques sont-elles qualifiées d' « iniques », d'atteintes à la liberté « chrétienne » de conscience ; ensuite, Il y a eu, de façon plus matérielle et moins discutable, les attentats contre les églises[21]. Il y a, enfin, une menace évoquée moins directement contre la Société établie, car on trouve constamment indiqué dans le texte le danger du « communisme destructeur », de la Révolution « anti-divine ». Il est donc nécessaire de se battre, puisqu'il faut « périr sous l'assaut du communisme ou tâcher de se débarrasser de lui ». La guerre se trouve présentée comme une réaction salutaire, comme un « remède héroïque » contre un péril public; ceux qui se sont soulevés font du patriotisme et de l'esprit religieux des impératifs que l'Église ne peut désavouer.
- D'autre part, il est avéré que « l'ensemble des autorités sociales et des hommes sages reconnaissent le péril public », et la « conviction des hommes sages concernant la légitimité de leur triomphe » est absolue.
Puisque cette guerre est juste et nécessaire, l'Église ne peut « rester indifférente » ; puisque ceux qui se battent soutiennent une cause sainte, il faut faire de ce combat « une lutte sacrée ». D'où le second commentaire qu'il convient de donner à la Lettre des évêques : indiquer dans quel sens il convient d'orienter le conflit, quel caractère il importe de lui donner. Ce conflit, « réaction d'ordre religieux », est une croisade, et les combattants peuvent être comparés aux chevaliers-moines des ordres militaires. La cause qu'ils défendent est d'abord celle de l'Espagne, mais aussi celle de la Chrétienté tout entière. Ces soldats de Dieu se battent « pour les principes fondamentaux de toute société civilisée ». Il est d'ailleurs tout à fait remarquable que le texte commence par un « appel à l'aide des peuples catholiques » ; cet appel est sans doute destiné aux catholiques français, mais aussi à ceux d'Amérique du Sud, que le souvenir d'une civilisation commune, de leur appartenance à la Hispanidad, pourra plus facilement rallier.
Enfin, la Lettre réfute l'idée que cette guerre oppose l'Église aux Pouvoirs constitués: l'autorité publique était ruinée; pour la rétablir, les dirigeants du soulèvement ont eu recours à « un plébiscite armé ». Nous retrouvons ici l'argument invoqué depuis le début du Movimiento par ses partisans.
Il reste que les représentants de l'Église espagnole se sont catégoriquement refusés à cautionner tout ce que recouvre le Movimiento. Un paragraphe est particulièrement significatif: il y est déclaré que l'Église ne se rend pas solidaire « des tendances ou intentions qui, dans l'avenir, pourraient défigurer la noble physionomie du Mouvement national ». Un élément de polémique, dirigé évidemment contre la Phalange, vient donc ici s'ajouter au texte.
On ne saurait trop insister sur le fait que cette Lettre est destinée à l'exportation. La prise de position des évêques n'apprendra rien à ceux qui vivent le conflit espagnol. Au contraire, son allure officielle, son ton catégorique en font aux yeux de l'étranger un texte capital: on présente aux chancelleries étrangères l'« aspect réel » de la guerre d'Espagne; d'où l'insistance que met le texte à souligner la « sauvagerie collective » de la révolution et des persécutions anti-religieuses: d'où la volontaire aberration qui consiste à présenter la révolution comme un soulèvement communiste, sans se soucier des confusions de termes[22]. L'essentiel est de rappeler à tous que ce qui se passe en Espagne dépasse le cadre d'une simple guerre civile, car « Dieu a permis que notre pays fût un champ d'expérience pour les idées et les systèmes qui aspirent à conquérir le monde ».
Dans la lutte engagée, l'Église a désormais pris position. Son action va contribuer à donner au régime une orientation définitive. Plus encore que les Jésuites, dont le retour à cette époque est significatif, les Dominicains semblent avoir exercé une influence considérable sur les dirigeants nationalistes. Stôhrer note, parmi les conseillers personnels de Franco, le père Menendez Reigada. L'influence de l'Église ne s'exerce pas seulement sur le général, mais aussi, sur ses proches, en particulier sur son beau-frère, Ramon Serrano Suñer. Or, depuis que celui-ci s'est évadé de zone républicaine en février 37, son influence s'est sans cesse accrue. Les hommes changent : lorsque le premier gouvernement véritable est formé, Suñer y fait son entrée, tandis que Nicolas Franco est envoyé comme ambassadeur au Portugal.
Au moment de la proclamation du décret sur le Parti unique, Suñer venait d'arriver à Salamanque; tout de suite, il prend sur le général un ascendant qui ne se démentira pas. Il est petit, mais assez fort, « très strict dans sa tenue, même élégant » ; il frappe par ses cheveux « prématurément gris », ses gestes rapides, son « excitation perpétuelle » ; très nerveux, passant d'un extrême à l'autre, parfois charmant et voulant charmer, Il est à d'autres moments brusque et peu courtois. Il a fait ses études à l'Institut espagnol de Bologne. Juriste de valeur, il a vécu longtemps à Saragosse. Ses relations avec le général Franco datent de son mariage, les deux hommes ayant épousé deux sœurs. Au moment de l'insurrection, il se trouve à Madrid. Ses opinions politiques - il a appartenu à la C.E.D.A. -, ses relations familiales avec le chef de l'insurrection, font de lui un des hommes les plus directement visés par la révolution populaire; il est arrêté, incarcéré au Careel modelo, puis transféré dans une clinique, sur l'intervention du ministre Irujo: il parvient alors à se réfugier dans une légation, probablement celle de Hollande. Avec l'aide de l'ambassadeur d'Argentine, il s'embarque alors à destination de Marseille sur le Tueuman. Mais ses deux frères n'ont pas eu la même chance; et Suñer gardera toujours rancune à l'Angleterre de ces morts, dont il attribue en partie la responsabilité à la mauvaise volonté de l'ambassade britannique.
Elève des Jésuites, intransigeant défenseur de l'Église, il est resté profondément marqué par son éducation catholique. Favorable à l'Allemagne, il garde toujours une certaine méfiance vis-à-vis de Hitler, dont la politique hostile au christianisme le heurte. Aussi passe-t-il plutôt et à juste titre pour être l'homme de l'Italie. Entier, violent, « un Robespierre au petit pied » [23], tous ceux qui l'ont approche sont d'accord pour le qualifier de « fanatique »[24]. Son mysticisme, la haine qu'il éprouve pour l'esprit libéral, et par suite pour le système démocratique, ont encore accusé les traits du personnage. Son admiration pour les régimes autoritaires et particulièrement pour le fascisme l'amènent à s'éloigner des éléments monarchistes dont il critique le modérantisme. Ses amitiés ont toujours été très éclectiques; il est en relations avec certains chefs traditionalistes, Rodezno ou Sainz Rodriguez, mais il est aussi l'ami personnel de José Antonio [25] et s'entend bien avec les nouveaux chefs de la Phalange, Amado et Hedilla. Son évolution politique l'a amené à exprimer l'idée « d'un régime permanent, à la tête duquel se trouverait Franco comme chef de l'État ». S'il ne refuse pas catégoriquement le rétablissement de la monarchie, il n'envisage plus « un rétablissement immédiat». Dans vingt ans, « l'Espagne pourra avoir besoin d'un roi» ; en attendant, il est infiniment probable qu'il a orienté son beau-frère vers l'établissement d'une dictature personnelle.
Avec la formation, le 1° février 38, du nouveau gouvernement, les idées de Suñer semblent triompher. Il est ministre de l'Intérieur, de la Presse et de la Propagande, et devient le théoricien du nouveau régime. Les chefs les plus marqués politiquement des monarchistes et de la Phalange ne font pas partie du ministère. En revanche parmi les principaux ministres, on compte cinq militaires; outre les trois postes de « techniciens »[26], le général Jordana occupe les Affaires étrangères. Suñer, qui ne l'aime pas, le qualifie de « libéral », Hayes de traditionaliste. C'est l'homme de l'Angleterre. Le général Martinez Amdo est responsable de l'Ordre public. Il est normal de voir en lui plus qu'en Suñer le véritable dirigeant de la répression en Espagne nationaliste, bien que les responsabilités politiques, et notamment les mesures de police dépendent tantôt du ministère de l'Intérieur tantôt de l'Ordre public. Cet état de choses crée d'ailleurs une hostilité entre les deux hommes, de caractère également autoritaire. Les réunions ministérielles de l'année 38 sont animées par cette querelle [27].
Les autres ministres sont des techniciens plus que des politiques : aux Finances, Amado, ancien collaborateur de Calvo Sotelo; à l'Economie, l'ingénieur Suances.
Militaires et techniciens s'opposent par leurs personnalités et leurs opinions politiques; aussi la formation du ministère marque-t-elle un pas de plus vers la dictature du général Franco. Aux opposants monarchistes, il faut en effet imposer les réformes indispensables: le premier message gouvernemental rappelle l'urgence d'une transformation sociale, proclame la nécessité d'une organisation syndicale groupant patrons, techniciens et travailleurs. Par contre, aux phalangistes, il convient de faire savoir que la révolution est un danger, que l'Espagne doit revenir à ses grandes traditions [28]. A tous, il faut dire que le moment est arrivé de reconstruire l'État. Le Caudillo doit être aux yeux de tous le chef de ce Movimiento et le réorganisateur du pays. Le 19 juillet 38, un décret donne à Francisco Franco la dignité de capitaine général pour l'armée et la marine. Ce titre en soi ne signifie rien. Sa valeur est purement symbolique. Il n'a été donné, en Espagne, qu'aux rois. Il fait de celui qui le reçoit un véritable souverain sans couronne, et consacre la victoire politique du général. Deux ans après le pronunciamento de 36, Franco devient le successeur des rois catholiques. La supériorité des armes semble près de lui donner la domination totale du pays. Il peut déclarer le 20 juillet: « Nous avons gagné la guerre ... » Mais il a beau parler d'une « paix féconde », de la disparition des « privilèges », il ne semble pas que l'œuvre de son gouvernement soit suffisante pour rallier ses adversaires: « Il ne suffit pas de vaincre, disait Miguel de Unamuno [29], il faut convaincre. »
Notes
[1] Partisans du docteur Albiñana, chef d'un petit groupe d'extrême-droite.
[2] La réunion eut lieu au camp de Nuñodono; y participèrent Cabanellas, Mola, Queipo, Yuste, Orgaz, Kindelan, Saliquet, Davila et les colonels Moreno Calderon et Montaner (ce dernier, secrétaire de la junte Cabanellas).
[3] La dispersion administrative persistera d'ailleurs jusqu'à la fin de la guerre. Pendant quelques mois, le pouvoir du secrétaire général est tel qu'on peut considérer le gouvernement comme une dictature à deux têtes : lorsque les Allemands veulent engager des négociations avec l'Espagne nationaliste, ils doivent admettre que le seul moyen d'obtenir une décision importante est de s'adresser soit au généralissime, soit à Nicolas Franco.
[4] Sangroniz vint notamment rendre compte à Franco, le 14 juillet 36, des mesures prises pour le soulèvement.
[5] Beau-frère du généralissime, dont l'activité politique est considérable depuis son retour en zone nationaliste.
[6] Comme le Duce en Italie, c'est le chef et le « conducteur ».
[7] De son nom exact. Francisco-Paulino-Hermenegildo-Theoduio Franco Bahamonde.
[8] Ses cinq enfants sont Nicolas, Francisco, Pilar, Ramon (l'aviateur, tué au cours de la guerre) et Pacita.
[9] Anciens établissements espagnols sur la côte d'Afrique du Nord.
[10] Lors de son mariage, son témoin avait été le roi, qui s'était fait représenter par le gouverneur d'Oviedo.
[11] Lettre de Faupel, du 14 avril.
[12] Discours de Franco annonçant le décret du 19 avril.
[13] Franco avait à plusieurs reprises préparé l'opinion à une semblable initiative. Ainsi, lorsqu'il vient à Malaga après la prise de la ville, il se montre à la foule entre les chefs locaux de la Phalange et des requetes.
[14] Suñer parle du groupe de Salamanque formé autour de Pilar Primo de Rivera.
[15] Archives secrètes de la Wilhelmstrasse.
[16] D'autres condamnations sont prononcées à diverses peines de prison, dont celle de José Luis Arrese, qui devait à son tour devenir, quelques années plus tard, secrétaire général de la Phalange.
[17] Hedilla a bénéficié plus tard d'une nouvelle mesure de grâce.
[18] Cinq ans et demi de travaux forcés.
[19] Rapport du 19 novembre 38.
[20] Les évêques espagnols en appellent, sur ce point, à l'autorité de saint Thomas.
[21] Selon ce texte, de février à Juillet 1936, ce sont 111 églises qui ont été détruites et profanées.
[22] Ainsi, dans un paragraphe consacré aux « caractères de la révolution communiste » il est question de la « révolution anarchiste ».
[23] Cf. Hoare. Ambassadeur en mission spéciale. Lettre du 15 octobre 1942.
[24] Cf. Stöhrer. Archives de la Wilheimstrasse.
[25] Il est un de ses exécuteurs testamentaires.
[26] Le général Orgaz à la Guerre, le vice-amiral Cervera à la Marine, le général Kindelan à l'Air.
[27] A la mort de Martinez Amido, l'Ordre public reviendra à un autre militaire, le général Alvarez Arenas.
[28] C'est le 5 février qu'est adopté le blason des rois catholiques.
[29] Unamuno avait rallié le Movimiento après les premiers jours de guerre civile, mais il ne tardera pas à se séparer du régime nationaliste, dont il réprouve les excès policiers et l'absolu conservatisme.