(1900-1936)
Né le 7 mars 1900 à Sa Pereira (province de Santa Fe), Argentine, tué le 16 août 1936 à la lisière du village d’Atienza (province de Guadalajara), Espagne ; traducteur ; anarchiste, communiste puis oppositionnel de gauche. Issu de parents d’origine basque, français de naissance, qui avaient émigré en Argentine peu avant sa naissance, Hippolyte Etchebehere choisit la lutte révolutionnaire un jour de janvier 1919, en voyant de son balcon des juifs âgés du ghetto de Buenos Aires attachés par leur barbe et traînés par des policiers à cheval. Profondément bouleversé par cette scène, il écrivit et publia les jours suivants une brochure intitulée Écoute la vérité et la distribua dans les rues aux agents de police. Quelques heures après il fut arrêté et accusé de délit contre la sécurité de l’État. Le fait d’être étudiant et d’appartenir à une famille bien en vue explique sans doute qu’il ne fut pas envoyé au bagne d’Ushuaia dans l’extrême sud argentin. La liberté retrouvée, il quitta la maison familiale pour ne pas créer de nouveaux ennuis aux siens, abandonna du même coup ses études d’ingénieur et travailla quelque temps en usine. Gagné aux idées libertaires, il créa en 1920 avec des étudiants un groupe dont il fut l’animateur autour de la revue Insurrexit. Cette formation témoigna d’une grande activité si bien que, en deux ans d’existence, elle fut connue dans toute l’Amérique latine. C’est à ce moment qu’il fit connaissance d’une étudiante du nom de Mika qui devait devenir sa compagne et plus tard partager toutes ses activités. Son intérêt pour le marxisme et le rayonnement de la Révolution russe le firent adhérer en 1923 au Parti communiste. Rapidement il fut remarqué par ses connaissances et ses qualités d’orateur ; aussi la direction tenta, mais sans succès, d’en faire un membre de son Comité central. Il fut assez rapidement en désaccord avec la politique de son parti et en fut exclu à la fin de 1925 avec tout un groupe d’opposants pour activités fractionnelles. Toutefois il n’adhéra pas au groupe qui, à cette occasion, se constitua autour de la revue La Chispa (L’Étincelle), la considérant comme non viable ; effectivement elle disparut moins de deux ans plus tard. Persuadé que aucune issue ne pouvait se trouver alors en Amérique latine et qu’il ne pouvait compléter sa formation de militant que dans un pays où le mouvement ouvrier avait une vieille tradition, il décida en 1931 de se rendre en Europe avec l’intention de revenir quelques années plus tard en Amérique latine. Après un court séjour à Madrid puis à Barcelone, c’est à Paris qu’il décida de reprendre une activité militante à partir d’octobre 1931. Il adhéra aux Amis de Monde dont la fonction était de soutenir l’hebdomadaire d’Henri Barbusse mais qui sous l’impulsion de son secrétaire, René Lefeuvre, avait créé des groupes d’études. Ainsi il réalisa son projet d’apprendre au maximum pour être mieux armé pour la lutte en suivant les cours d’Angelo Tasca dit Rossi et de Lucien Laurat. Peu après il travailla avec Laurat à la correction de l’édition française du Capital (Édition Costes) : tous deux estimaient en effet la traduction Molitor comme insuffisante pour une réédition. Considérant probable un affrontement décisif du mouvement ouvrier contre les nazis il se rendit en novembre 1932 à Berlin et fréquenta l’École marxiste du Parti communiste d’Allemagne. Sur place il estima totalement erronée la politique des partis se réclamant du socialisme et du communisme. À son retour en France il relata ce que fut pour le prolétariat allemand l’arrivée de Hitler au pouvoir dans un article intitulé : « La tragédie du prolétariat allemand » signé de son pseudonyme et qui fut publié dans les numéros de juin et juillet 1933 de la revue Masses. Il collabora avec Kurt Landau pour renouer les liens avec d’anciens militants oppositionnels de gauche trotskystes du groupe de Wedding (du nom d’un quartier ouvrier de Berlin), restés en Allemagne ou dispersés dans l’émigration. À la fin de l’année 1934 il fut avec Victor Fay, André Ferrat, Georges Kagan, Kurt Landau, Pierre Rimbert, quelques camarades polonais, etc., à l’origine de la revue Que faire ? dont le premier numéro parut en décembre 1934. Mais atteint depuis de longues années de tuberculose il fut hospitalisé au sanatorium de Liancourt (Oise) pendant six mois. En mai 1936, sur les conseils de ses médecins, il décida de se rendre à Madrid où le climat ne pouvait qu’être favorable à sa santé. Mais il était surtout intéressé par la recrudescence des luttes ouvrières dans ce pays. Rallié au POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste) il écrivit dans son organe La Batalla sous le pseudonyme de Juan Rustico. Sa convalescence dans cette ville ne fut que de courte durée : le 18 juillet 1936 éclatait le soulèvement franquiste. À la recherche d’un poste de combat il se rendit au siège du POUM à Madrid. Il rassembla des miliciens et constitua la colonne motorisée baptisée : Bataillon des volontaires ouvriers du 20 juillet. Le lendemain, la colonne dont il était le commandant (ou responsable comme l’on disait alors), forte de cent vingt combattants dont des femmes, partit pour le front. Pour lui le combat ne dura que vingt-six jours : il mourut les armes à la main le 16 août 1936. Bio tirée du "Maitron", auteur Louis Bonnel |