1946 |
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16 février 1946
(16 février 1946)
Des incidents qui se sont produits dans les ventes de la Précision mécanique et à Boulogne, l'organisation dégage les conclusions suivantes: les incidents se produisent plus facilement dans le cas où un travail prolongé ne nous a pas fait encore connaître aux ouvriers. Dans le cas de la Précision Mécanique la cellule avait engagé une vente sans disposer d'un informateur à l'intérieur de l'usine. Dans ce cas, la cellule a eu recours par la suite à une diffusion clandestine de l'extérieur du tract Croizat. Dans le cas Renault, la protection a fait que les staliniens ne se sont pas décidés à attaquer à la 2ème reprise. Pour économiser nos forces, étant donné que nous avons des camarades dans l'usine, les diffusions vont se faire pendant un certain temps de l'intérieur. Parallèlement notre cellule va jeter les bases d'un travail local, afin de faire connaître notre tendance comme nous l'avons fait chez Citroën. Des camarades qui ont fait remarquer que chez Renault la police stalinienne était bien organisée, ne doivent pas oublier en contre-partie que les ouvriers les assimilent à la garde-chiourme et ne leur accordent aucune sympathie.
Dans la bagarre qui a eu lieu devant la Précision Mécanique, les camarades ont manqué d'esprit de coopération. Quand des sorties de cet ordre seront organisées, les responsables devront être en mesure de rendre compte du comportement impeccable de la troupe, car l'indiscipline ou le manque de courage d'un des participants apporte la démoralisation pour certains autres.
Quand l'organisation a décidé de défendre ses ventes c'était dans le but de montrer aux ouvriers, comme nous l'avons du reste expliqué dans nos tracts, que les vendeurs de la presse révolutionnaire ne se laissent pas intimider par quelques coups de poings de la part des staliniens. Dans cette ligne, il ne s'agit donc pas d'imposer partout nos diffusions à tout prix, mais d'avoir une tactique souple et des plans intelligents de travail. Dans le cas de Gnome et Rhone, Levallois, etc. les ouvriers accueillent très bien notre diffusion, il ne s'agit donc que de continuer.
L'organisation dispose à l'heure actuelle d'un instrument de propagande lui permettant de faire connaître largement sa politique: le tract. Dans la situation créée par la crise gouvernementale, et lors de la grève des imprimeurs, le tract s'est avéré notre meilleur moyen de propagande et d'agitation, nous permettant d'intervenir rapidement dans les événements.
Un camarade diffuseur de la cellule Citroën nous a fait savoir que: "Nous commençons à être connus dans nos secteurs. Beaucoup d'ouvriers nous en demandent des paquets pour les faire diffuser de l'intérieur. A Levallois un ouvrier d'Hispano m'en a demandé pour son usine, le Matériel Téléphonique à Boulogne."
Les tracts doivent être diffusés non seulement devant les usines mais largement à l'aide de nos liaisons. La rapidité de la transmission doit être assurée (pour les cas comme celui du tract sur la grève des imprimeurs).
LA GRÈVE DES IMPRIMEURS
La seule tactique ce n'était pas d'encourager les grévistes, qui n'en avaient pas besoin, mais tâcher d'élargir le mouvement. Non pour lancer inconsidérément "Vive la grève", mais lui faire déborder les cadres corporatifs. Dans le cas où le Comité de grève de la presse aurait lancé un appel aux autres corporations de l'information, les ouvriers étaient prêts à soutenir le mouvement. Si les autres corporations de l'information s'étaient solidarisées, nous aurions essayé à ce moment là d'étendre le mouvement à la métallurgie. Les social-patriotes veulent rejeter les ouvriers hors de la politique et du mouvement revendicatif, il faut les empêcher d'étrangler le mouvement ouvrier. Le parti bolchevik n'était pas n'importe quand pour les grèves ou les mouvements sporadiques. Quand on est fort, on essaie de frapper au moment choisi. Comme ce n'est pas le cas, notre tactique doit consister à empêcher le boycottage du mouvement ouvrier par les staliniens car la grève générale surgissant pour des raisons économiques aurait un aspect politique tout à fait important et serait le moyen de renverser la situation.
Beaucoup d'échos signalent une recrudescence de la désaffection vis-à-vis des staliniens et un mécontentement vis-à-vis du nouveau gouvernement; mais en même temps une grande incompréhension vis-à-vis de la grève des imprimeurs due en partie à l'aspect corporatif de cette grève.