Le 18/12/1945, le journal Front Ouvrier, animé par le PCI
(Parti Communiste Internationaliste) paraît sous une nouvelle
formule : "…le Front Ouvrier est descendu
sur l’arène politique… Il est maintenant possible de
voir le F.O. revenir à sa destination première… nous avons
décidé de transférer notre journal à des camarades militant plus
spécialement sur le plan syndical…"
Une lettre est adressée à "Voix des Travailleurs".
La réponse est reproduite ci-dessous.
Réponse à "Front Ouvrier"
Barta
20 janvier 1946
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Paris, le 20 janvier 1946
Camarade,
Bien reçu ta lettre du 10 courant, que j’ai communiquée
ainsi que le projet de programme au Comité de la Rédaction de la
V.d.T.
Si vous attachez une si grande valeur à
"l'unité", pourquoi dans ce cas n'avez-vous pas
cherché à connaître le travail de la Voix des Travailleurs ? Si
vous avez estimé nécessaire de créer un autre journal et une
autre tendance, c'est que cela correspondait à une nécessité –
ou alors vous avez agi à la légère –.
Nous sommes pour la "démocratie" et pour
"l'unité". Mais l'unité d'action se réalise
dans la lutte de toute la classe ouvrière et la démocratie
signifie le libre jeu de toutes les tendances, et leur
droit à s'exprimer. Quelle démocratie est-ce là qui commence
par poser comme principe l'amalgame des tendances et des
organes ? Lorsque vous parlez de la "3ème
tendance" au sein de la C.G.T., on peut donc se poser la
question : 3ème tendance, avec une multiplicité d'organes –
ou 3ème parti, avec son organe et sa discipline ?
L'action que nous menons depuis longtemps déjà sur le plan
syndical ne saurait être modifiée par des formules sentencieuses
sur "les petites chapelles". D'une part ce
n'est pas en se parant de titres ronflants qu'on cesse
d'être une petite chapelle, d'autre part, cette
"critique" est une vieille critique contre les
révolutionnaires, représentés toujours comme des sectaires.
Mais que vaut votre "programme" ?
Donc la fusion, nous l'estimons impossible parce que :
Ne faisant pas le même travail, n'étant d'accord ni
sur les moyens ni par conséquent sur le but, nous ne croyons pas
qu'une fusion soit profitable ni à l'un ni à l'autre.
Au contraire, une grande partie de notre temps et de notre
énergie se consommerait en controverses et discussions
intérieures, au lieu d'être employés utilement sur le terrain
de la lutte de classe.
Si notre action commune à la base s'avère efficace, nous
aurons une expérience pratique sur laquelle nous appuyer et nous
verrons alors si de nouveaux problèmes se posent. Nous
participerons donc à votre conférence non en tant
qu'organisateurs, mais en tant qu'auditeurs, et nous vous
tiendrons au courant de notre lutte.