Edito des bulletins d'entreprise Voix Ouvrière, 19 10 1964

À BAS STALINE, À BAS KROUCHTCHEV, À BAS BREJNEV, VIVE LE COMMUNISME !

Un nouveau un coin du voile se relève et, l'espace d’un instant, on peut voir le véritable visage de la camarilla qui préside aux destinées de ce qui fut le premier — et le seul — État ouvrier du monde.
Qui peut croire encore qu'une quelconque démocratie règne en Union Soviétique ? Qui oserait réellement penser que les travailleurs ont, là-bas plus qu'ici, la possibilité de décider de ce que fera l'Etat ou même de ce qui pourra prétendre les représenter à sa tête.
Les « nouveaux » et peut-être provisoires « Premiers » soviétiques déclarent que c'est pour raisons de santé que Khrouchtchev a démissionné. Mais alors pourquoi, dans les communiqués, n’y a-t-il pas un mot de remerciement pour le dévouement qu’il était sensé avoir déployé précédemment.
Plusieurs partis communistes, ceux d'Italie, d'Allemagne de l’Est, de la Hongrie, de Pologne, de Suède, ont, dans leurs déclarations, plus ou moins protesté. Le P.C. italien a demandé que soient publiés les compte-rendus intégraux des réunions qui ont entraîné la chute de Khrouchtchev. Bien que ce soit de l'hypocrisie — parce que le P.C. italien sait bien que rien de tel ne sera fait car, pratiquement depuis la mort de Lénine, les dirigeants de l'Union soviétique ont renoncé à informer qui que ce soit de leurs intentions et de leurs actes — ou ne peut manquer cependant de comparer l’attitude du P.C. italien et celle du Parti communiste français.
Dans l’Humanité, pas un mot, pas un commentaire, pas une question, pas un regret, à défaut de remords.
Nous avons toujours considéré Khrouchtchev comme un digne continuateur de Staline bien que. pour des raisons semblables à celles qui ont entraîné sa chute aujourd'hui, il en ait dénoncé les crimes. Mais, vraiment, le P.C.F. dépasse les bornes de la servilité et de la platitude. Il adorait Staline, il le désadora. Il réadora Khrouchtchev. Il le redésadora ! A plat ventre ! Debout ! A plat ventre ! Debout... On se croirait devant une recrue en train de faire l’exercice.
Et ces gens-là prétendent représenter la classe ouvrière française. Inspirer ses luttes et les organiser ! Ils osent calomnier, injurier, déshonorer ou même rouer de coups les militants qui veulent discuter, comparer, juger les ordres qui viennent d’en haut. Non, ces gens-là, les dirigeants du Parti communiste français, ne représentent pas la classe ouvrière, ils ne défendent pas ses intérêts. Il est grand temps que tous les militants communistes honnêtes s’en rendent compte.
Le visage des dirigeants russes n'est pas celui du socialisme. Ils oppriment la classe ouvrière russe, après lui avoir volé sa révolution. Et leurs valets français ne sont que des serviteurs dociles et intéressés.
Ce qui se passe aujourd’hui est la vérification de ce qu’écrivait dès 1928 un homme comme Léon Trotsky qui, jusqu’à ce qu’il tombe en 1940 sous les coups d’un assassin aux ordres de Staline, ne cessa de défendre les conquêtes de la révolution russe d’octobre 1917 contre ses ennemis les plus perfides : les usurpateurs qui ont là-bas accaparé le pouvoir.
Les organisations trotskystes, dont nous sommes, n’ont peut-être pas toujours été à la hauteur des idées qu’elles défendaient. Nous le savons bien ! Mais à notre décharge il faut dire que les agents staliniens ont fait régner dans le mouvement ouvrier international, pendant des décades, une véritable terreur physique où l’assassinat fut la règle, la calomnie et la corruption faisant le reste. Mais nous revendiquons fièrement ces idées car, pour nous, le socialisme, le communisme, restent les idéaux les plus nobles de l'humanité. Et ce n'est pas parce que les actuels dirigeants de l'URSS en offrent une image déformée et hideuse que nous pouvons y renoncer, car la société bourgeoise qui nous entoure et qui domine le monde est encore plus hideuse et, qui plus est, c'est elle qui est finalement responsable de la dégénérescence réactionnaire de la révolution russe.
Travailleurs, camarades communistes, ce n’est pas sous la direction des oligarques de Moscou ou de leurs valets français que nous détruirons la société capitaliste et que nous construirons de Londres à Paris, de Budapest à Moscou et de New-York à Pékin. une société de travailleurs, humaine et fraternelle, une société socialiste dont l'Union soviétique n’est qu’une caricature monstrueuse.