1940

En mai 1940, Trotsky rédige le manifeste de la IV° Internationale sur la guerre. Ce texte basé sur les principes de l'internationalisme prolétarien servira de base à l'activité trotskyste durant toute cette période et sera l'un des derniers de Trotsky avant son assasinat.


Manifeste d'alarme de la IV° Internationale

Léon Trotsky

Notre Programme est fondé sur le bolchévisme


La IV° Internationale se tient totalement et sans réserves sur les fondements de la tradition révolutionnaire du bolchevisme et de ses méthodes organisationnelles. Laissons les petits-bourgeois extrémistes se plaindre du centralisme. Un ouvrier qui a participé ne fût‑ce qu'une seule fois à une grève, sait qu'aucune lutte n'est possible sans discipline ni ferme direction. Toute notre époque est pénétrée de l'esprit du centralisme. Le capitalisme monopoleur a porté la centralisation économique à son ultime limite. Le centralisme d'Etat sous couvert de fascisme a pris un caractère totalitaire. Les démocraties tentent de plus en plus de copier son modèle. La bureaucratie syndicale défend âprement son puissant appareil. La II° et la III° Internationale se servent ouvertement de l'appareil d'Etat pour combattre la révolution. Dans ces conditions, la garantie élémentaire du succès est d'opposer le centralisme révolutionnaire au centralisme de la réaction. Il est indispensable d'avoir une organisation d'avant‑garde prolétarienne soudée par une discipline de fer, une authentique sélection de révolutionnaires trempés prêts à se sacrifier et inspirés par une volonté invincible. Préparer systématiquement et sans relâche l'offensive et quand l'heure est arrivée, frapper pour jeter toute la classe sur le champ de bataille sans hésiter ‑ seul un parti centralisé, qui n'hésite pas lui‑même, est capable de l’apprendre aux ouvriers.

Des sceptiques superficiels se plaisent à souligner que le bolchevique a dégénéré en bureaucratisme. Comme si le cours tout entier de l'histoire dépendait de la structure d'un parti ! En fait, c'est le destin du parti qui dépend du cours de la lutte des classes. Mais en tout cas, le parti bolchevique a été l’unique parti qui ait prouvé dans l'action sa capacité à accomplir la révolution prolétarienne. C'est précisément d'un tel parti qu'a besoin maintenant le prolétariat international. Si le régime bourgeois sort de cette guerre impuni, tous les partis révolutionnaires dégénèreront. Si la révolution prolétarienne l'emporte, les conditions qui provoquent la dégénérescence disparaîtront.

Les conditions de réaction triomphante, de désillusion et de fatigue des masses, dans une atmosphère politique empoisonnée par la décomposition pernicieuse des organisations traditionnelles de la classe ouvrière, au milieu des difficultés et obstacles accumulés, le développement de la IV° Internationale a forcément procédé lentement. Des tentatives isolées et au premier abord plus amples et plus prometteuses pour l’unification de la gauche ont été plus d'une fois entreprises par des centristes qui méprisaient nos efforts. Toutes ces tentatives prétentieuses, cependant, se sont réduites en poussière avant même que les masses aient eu le temps de se souvenir de leur nom. Seule la IV° Internationale, avec obstination, persistance et un succès grandissant, continue à nager contre le courant.


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