1940

En mai 1940, Trotsky rédige le manifeste de la IV° Internationale sur la guerre. Ce texte basé sur les principes de l'internationalisme prolétarien servira de base à l'activité trotskyste durant toute cette période et sera l'un des derniers de Trotsky avant son assasinat.


Manifeste d'alarme de la IV° Internationale

Léon Trotsky

La grande leçon de la Chine


La tragique expérience de la Chine est une grande leçon pour les peuples opprimés. La révolution chinoise de 1925‑1927 avait toutes les chances de vaincre. Une Chine unifiée et transformée aurait constitué à cette époque un puissant bastion de liberté en Extrême‑Orient. Tout le destin de l'Asie et d'une certaine façon du monde entier aurait été différent. Mais le Kremlin, manquant de confiance dans les masses chinoises et recherchant l'amitié des généraux, a utilisé tout son poids pour subordonner le prolétariat chinois à la bourgeoisie et a ainsi aidé Tchiang Kaï-chek à écraser la révolution chinoise [1]. Déçue, divisée et affaiblie, la Chine était grand ouverte à l'invasion japonaise.

Comme tout régime condamné, l'oligarchie stalinienne est déjà incapable d'apprendre les leçons de l'histoire. Au début de la guerre sino‑japonaise, le Kremlin rangea de nouveau le parti communiste sous l'autorité de Tchiang Kaï-chek, écrasant dans l’œuf l'initiative révolutionnaire du prolétariat chinois. Cette guerre, qui approche maintenant de son troisième anniversaire [2], aurait pu depuis longtemps se terminer par une catastrophe pour le Japon si la Chine l'avait menée comme une authentique guerre du peuple basée sur une révolution agraire embrasant les soldats japonais de sa propre flamme. Mais la bourgeoisie chinoise craint ses propres masses en armes plus que ses violeurs japonais. Si Tchiang Kaï-chek, le sinistre bourreau de la révolution chinoise est obligé par les circonstances de faire la guerre, son programme reste basé, comme avant, sur l'oppression de ses propres ouvriers et les compromis avec l'impérialisme.

La guerre en Extrême‑Orient sera de plus en plus liée à la guerre impérialiste mondiale. Le peuple chinois n'arrachera l’indépendance que sous la direction du prolétariat jeune et prêt au sacrifice dont l'indispensable confiance en lui ressuscitera à la faveur de la révolution mondiale naissante. Il saura indiquer une ligne de marche ferme. Le cours des événements met à l'ordre du jour le développement de notre section chinoise en un puissant parti révolutionnaire.


Notes

[1] Tchiang Kaï‑chek (en fait Jiang Jieshih) (1887‑1975) officier nationaliste, chef de l'armée après la mort de Sun Yat‑sen avait détruit par la répression et la violence le P.C. et les syndicats chinois. L'I.C. avait fait entrer les militants du P.C.C. dans le Guomindang.

[1] Les premiers incidents avaient eu lieu en juillet 1937.


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