1938

Lettre à J. Frankel (8169), dictée en français.
Source : Œuvres - T. XVIII (EDI)

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Œuvres - Juin 1938

Léon Trotsky

5 juin 1938


L’affaire Münzenberg

Cher Ami [1] ,

Il faudrait que vous écriviez de votre part à Adolphe [2] pour que notre presse publie aussi tôt que possible une note sur Münzenberg [3] , ayant à peu près le contenu suivant :

Le prudent et habile Münzenberg est exclu du comité central du parti communiste allemand. Cette mesure n'est naturellement pas autre chose que la préparation de l'exclusion de Münzenberg du parti. Les bureaucrates agissent avec prudence car Münzenberg sait trop de choses. Mais, dépourvu de courage politique, Münzenberg laisse faire, c'est‑à‑dire permet de réaliser cette exclusion par échéances successives. Il croit peut‑être obtenir de cette manière la grâce du G.P.U. On voit bien comment des diplomates madrés et rusés et des bureaucrates manœuvriers s'avèrent bien maladroits et stupides lors d'une crise décisive. La seule issue pour Münzenberg, comme le montrent les exemples de W. Krivitsky et d'A. Barmine [4] est de rompre ouvertement ses liaisons avec le G.P.U., dénoncer ouvertement ses crimes et se mettre sous la protection de l'opinion publique. Mais il est à croire que Münzenberg ne le fera pas. Il va finir par payer cher son manque de courage et de fermeté politique. C'est d'ailleurs son affaire.


Notes

[1] Jan Frankel était parti aux Etats‑Unis en novembre 1937 et Trotsky, dans ses lettres, le désigne en général par son pseudonyme de John Glenner.

[2] Prévenir Klement, c'était prévenir le S.I.

[3] Willi Münzenberg (1889‑1940) avait été le secrétaire de l'Internationale des jeunes socialistes, très actif pendant la guerre en Suisse, puis de l'Internationale des jeune communistes. Il avait été transféré par l'I.C. et chargé des « affaires » diverses dans le « trust » qui portait son nom et s'occupait des entreprises de presse, cinéma et autres. On savait qu'il ne croyait pas à la culpabilité des accusés de Moscou et qu'il venait d'être exclu du K.P.D. Il était alors à Paris et avait, disait‑on, refusé d'obtempérer à une convocation qui le rappelait en U.R.S.S.

[4] Walter Krivitsky était le pseudonyme de Samuel Ginzburg (1890‑1940), un haut fonctionnaire du G.P.U. à l'étranger qui avait rompu après l'assassinat d'Ignace Reiss . Alexandre Graff dit Barmine (1899‑19 ) avait rompu avec Moscou en refusant d'obtempérer à son rappel alors qu'il était chargé d'affaires à Athènes. Tous deux avaient donné un aspect spectaculaire à leur rupture publique et le G. P. U. ne les avait pas encore frappés, alors qu'il avait tué Reiss avant que sa défection soit connue.


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