1934-38

Ce texte est constitué d'articles écrits entre 1934 et 1938 sur la situation politique en France. Ces articles ont étés publiés en Français dans "Le mouvement communiste en France".


 
 

Où va la France ?

Léon Trotsky

Encore une fois, où va la france?

(fin mars 1935)

VII. CONCLUSION

Le rapport des forces.

"Attendre", "faire durer", "gagner du temps", tels sont les mots d'ordre des réformistes, des pacifistes, des syndicalistes, des staliniens, Cette politique se nourrit de l'idée que le temps travaille pour nous. Est-ce vrai ? C'est radicalement faux ! Si, dans une situation pré-révolutionnaire, nous ne menons pas une politique révolutionnaire, alors le temps travaille contre nous.

Malgré les hymnes creux en l'honneur du front unique, le rapport des forces s'est modifié dans la dernière année au détriment du prolétariat. Pourquoi ? Marceau Pivert a donné une juste réponse à cette question dans son article : "Tout se tient" (le Populaire du 18 mars 1935). Dirigés derrière les coulisses par le capital financier, toutes les forces, et tous les détachements de la réaction mènent une politique incessante d'offensive, envahissent de nouvelles positions, les renforcent et vont de l'avant (industrie, agriculture, enseignement, presse, justice, armée). Du coté du prolétariat il n'y a que des phrases sur l'offensive; en fait il n'y a même pas de défensive. Les positions ne sont pas renforcées, mais se rendent sans combat ou se préparent à se rendre.

Le rapport politique des forces est déterminé non pas seulement par des données objectives (rôle dans la production, nombre, etc.), mais subjectives ; la conscience de sa force est le plus important élément de force réelle. Tandis que le fascisme élève de jour en jour la confiance des petits bourgeois déclassés en eux-mêmes, les groupes dirigeants du front unique affaiblissent la volonté du prolétariat. Les pacifistes, disciples de Bouddha et de Gandhi, et non de Marx et de Lénine, s'exercent a prêcher contre la violence, contre l'armement, contre la lutte physique. Les staliniens prêchent au fond la même chose, en invoquant seulement la "situation non-révolutionnaire". Entre les fascistes et les pacifistes de toute nuance s'établit une division du travail: les uns renforcent le camp de la réaction, les autres affaiblissent le camp de la révolution. Telle est la vérité non camouflée !

Est-ce que cela signifie que la situation est désespérée ?...
Oh ! non...

Deux facteurs importants agissent contre les réformistes et contre les staliniens. Premièrement: les exemples frais d'Allemagne, d'Autriche, d'Espagne sont devant les yeux de tous; les masses ouvrières sont alarmées, les réformistes et les staliniens sont décontenancés. Secondement: les marxistes ont réussi à poser à temps devant l'avant-garde prolétarienne les problèmes de la révolution.

Les bolcheviks-léninistes sont loin de vouloir exagérer leur nombre. Mais la force de leurs mots d'ordre vient de ce qu'ils reflètent la logique du développement de la situation pré-révolutionnaire actuelle. Les événements, à chaque étape, confirment notre analyse et notre critique. L'aile gauche du Parti socialiste croît. Dans le Parti communiste la critique est comme auparavant étouffée. Mais la croissance de l'aile révolutionnaire dans la S.F.I.O. ouvrira inévitablement une brèche dans la discipline bureaucratique meurtrière des staliniens: les révolutionnaires des deux partis se tendront l'un à l'autre la main pour travailler en commun.

Notre règle reste comme toujours : exprimer ce qui est. C'est le plus grand service qu'on peut rendre actuellement à la cause de la révolution. Les forces du prolétariat ne sont pas dépensées. La petite bourgeoisie n'a pas encore fait son choix. On a perdu beaucoup de temps, mais les derniers délais ne sont pas encore épuisés.

La victoire est possible ! Plus encore : la victoire est assurée - autant que la victoire puisse être assurée par avance - à une seule et unique condition : il faut vouloir la victoire, il faut aspirer à la victoire, il faut renverser les obstacles, il faut culbuter l'ennemi et lui mettre le genou sur la poitrine.

Camarades, amis, frères et sœurs ! Les bolcheviks-léninistes vous appellent à la lutte et à la victoire!


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